Procès Boko-Homeky : le ministère public requiert de lourdes peines


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Olivier Boko (à gauche) et Oswald Homeky (à droire)
Olivier Boko (à gauche) et Oswald Homeky (à droire)

Le procès de la tentative de coup d’État contre le Président Patrice Talon, qui se tient devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), est entré dans sa sixième journée ce jeudi. Cette audience a été marquée par les réquisitions du ministère public, représenté par le procureur spécial Mario Mètonou, qui a demandé de lourdes sanctions contre les principaux accusés.

À la CRIET, le procès Olivier Boko, Oswald Homeky et cie s’est poursuivi ce jeudi. La parole a été donnée au représentant du ministère public pour faire ses réquisitions. Dans une intervention structurée en trois volets (les faits, la faisabilité du projet et sa qualification juridique), le procureur spécial a rappelé que l’affaire n’était pas une tentative de coup d’État à proprement parler, mais un complot visant à attenter à l’autorité de l’État, tel que défini par l’article 193 du Code pénal.

Trois acquittements et trois condamnations

Le procureur a demandé l’acquittement de trois accusés, à savoir Hugues Adjigbékou, comptable dans une société de Rock Niéri, Corneille Gbaguidi, directeur administratif et financier d’une société du même homme d’affaires, et Ganiou Sanoussi, chauffeur de l’épouse de l’ex-ministre, Oswald Homeky, estimant qu’ils étaient des agents d’exécution inconscients des intentions de leurs employeurs. En revanche, il a requis de lourdes peines contre les principaux prévenus :

  • Rock Niéri (actuellement en fuite) : 20 ans de prison et une amende d’un milliard de F CFA
  • Olivier Boko : 10 ans de prison et une amende de 1,5 milliard de F CFA
  • Oswald Homeky : 10 ans de prison et une amende de 1,5 milliard de F CFA

Le ministère public a également demandé la confiscation de la somme de 1,5 milliard de F CFA retrouvée au domicile d’Oswald Homeky, ainsi que du véhicule ayant transporté cet argent. En clair, les demandes de condamnation financières du procureur spécial près la CRIET sont moins sévères que celles de l’avocat de l’État béninois qui, mercredi, demandait à la Cour de condamner les trois principaux prévenus à verser à l’État la somme de 77 milliards de F CFA. Il avait, par ailleurs, requis la saisie de tous leurs biens par l’État, et n’avait demandé aucun acquittement.

Les accusations contre les prévenus

Pour le représentant du ministère public, la culpabilité de Oswald Homeky ne souffre d’aucun doute. L’ancien ministre des Sports est accusé d’avoir cherché à influencer le commandant de la Garde républicaine en lui offrant des cadeaux et une assurance prestige, une générosité jugée suspecte par le ministère public. Ce, d’autant plus que l’ancien ministre n’avait jamais eu des largesses vis-à-vis du chef de la Garde républicaine au moment où il était au gouvernement. Il est curieux qu’il devienne subitement généreux envers le militaire maintenant où lui-même aurait besoin de ressources, a fait observer le représentant du ministère public.

De plus, la découverte de 1,5 milliard de F CFA à son domicile a renforcé les soupçons. Le représentant du ministère public a par ailleurs relevé une série de comportements suspects de la part de l’ancien ministre béninois, et une variation dans sa justification de la somme de 1,5 milliard de F CFA découverte en son domicile.

De son côté, Olivier Boko est présenté comme le principal instigateur et financier du complot. Le procureur a relevé trois éléments-clés à charge : le mobile (son intérêt à voir le coup réussi), les moyens financiers (ses revenus estimés à 4 milliards de F CFA par an), et la provenance des fonds saisis chez Oswald Homeky, qui auraient transité par des retraits successifs effectués au nom de Olivier Boko. Quant à Rock Niéri, en fuite, son absence à l’audience a été interprétée comme une tentative d’échapper à la justice.

La réaction de Olivier Boko

Lors de ses derniers mots à la barre, Olivier Boko a nié toute implication et a dénoncé un procès bâti sur des déductions et des suppositions. « Je suis innocent », a-t-il clamé, affirmant qu’il n’aurait pas accepté de rentrer au Bénin – de Casablanca où il était en séjour – ni de se rendre chez le Président Talon en pleine nuit s’il était impliqué dans une telle entreprise. En conséquence, l’homme d’avoir demande à la Cour de ne pas suivre les réquisitions du ministère public.

Tous les regards sont désormais tournés vers la Cour qui devra rendre son verdict dans ce procès très médiatisé au regard de la qualité des personnes qu’il implique.

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