Congo in conversation est un projet du renommé photographe britannique Finbarr O’Reilly qui a décidé de révéler les défis de la République Démocratique du Congo (RDC) en pleine pandémie du coronavirus. Le photographe, qui a remporté le 11ème prix Carmignac du photojournalisme, a aussi travaillé avec des professionnels locaux qui ont participé à la prise des clichés.
Congo in conversation est un reportage collaboratif consacré à la République Démocratique du Congo (RDC) en pleine pandémie du Coronavirus. Il a été mené par le photographe britannique Finbarr O’Reilly, qui s’est vu attribué le 11ème prix Carmignac du photojournalisme. Son reportage avait débuté en janvier 2020 avant l’irruption de la pandémie de Coronavirus et le confinement de la planète. Ce dernier, ne pouvant plus se rendre sur place en raison de la fermeture des frontières, a finalement décidé de collaborer avec des photographes et journalistes locaux pour mener le projet à bien, afin de révéler les défis humains, sociaux, et écologiques de la RDC en pleine pandémie.Pour présenter au public ce travail exceptionnel, qui comprend des photographies mais aussi des écrits et vidéos, un site internet a été créé pour l’occasion et relayé sur les réseaux sociaux. Congo in conversation, qui est aussi un moyen de décrire au plus près la réalité quotidienne des populations congolaises, publié le 10 novembre dans une monographie bilingue français-anglais, co-édité par Reliefs Editions et la Fondation Carmignac. Chaque année, en effet, la Fondation Carmignac soutient la production d’un photo-reportage de six mois, qui est ensuite publié dans une monographie et présenté dans une exposition itinérante.
« On a créé un portrait de la RDC pour donner un regard local de la situation »
Congo in conversation a aussi été un moyen de mettre en lumière le travail des photographes et journalistes locaux qui n’ont pas toujours l’occasion de montrer leur savoir-faire à l’international. « On a essayé de créer le portrait de la RDC pour donner un regard local de la situation et cela a porté ses fruits », explique à AP21 Justin Makangara, un des photographes locaux qui a travaillé sur le projet. « C’est une belle expérience pour nous. On a apporté notre regard et franchi un cap car notre travail est connu et médiatisé. Il y a souvent une méfiance vis-à-vis des professionnels. Ce projet a donc été un moyen de montrer ce que nous pouvions faire. Il y a maintenant des gens qui nous contactent grâce à tout cela », renchérit Justin.
Même son de cloche pour sa consœur Arlette Bashizi, qui estime que « ce projet a été une belle opportunité de laisser les jeunes congolais que nous sommes de partager nos propres histoires et notre propre quotidien ». La photographe congolaise tient aussi à préciser que malgré les difficultés du pays, « il y a des gens qui travaillent dur malgré la crise et essaient de vivre avec parce qu’au final, le Coronavirus ne va plus disparaître. On apprend à vivre avec parmi les problèmes, tels que la carence en eau potable pour notamment une certaine couche de la population de Goma, le manque d’information et la désinformation. Mais heureusement aussi, on a vu beaucoup de jeunes se mettre ensemble pour combattre la désinformation, comme le collectif « Goma Actif » qui continue à sensibiliser la population sur le Coronavirus et ses méfaits ».
« Plusieurs personnes sont mortes car elles avaient peur d’aller à l’hôpital »
Raissa Karama Rwizibuka, qui a aussi effectué des clichés pour Congo in conversation déplore, pour sa part, le fait que « certaines personnes ne pouvaient plus aller à l’hôpital à cause des préjugés car elles avaient été mal informées concernant le coronavirus, pensant qu’on l’injectait aux gens. Cela a provoqué la peur au sein de la population, du coup plusieurs personnes mourraient par manque de soin. Certains hôpitaux n’avaient également plus les moyens de se procurer des médicaments pour soigner les malades, qui n’avaient, eux aussi, pas les moyens de payer leur consultation ».
Selon la photographe, « plusieurs personnes ne trouvaient plus à manger car on avait fait monter le prix de tous les aliments. Sans compter que pour les étudiants aussi, ça a été très difficile parce que tous ne pouvaient pas suivre des cours en ligne par manque de matériel ». Raissa a également constaté que « certains policiers torturaient des gens sans aucune raison et avaient créé un climat de peur au sein de la population ».
Face à tous ces défis auxquels son pays est confronté, elle espère que « ce projet ne s’éteigne pas mais qu’il se perpétue afin de soutenir les jeunes storytellers car c’est la seule façon d’aider la RDC à aller de l’avant et au peuple congolais de changer de mentalité », conclut la photographe.
Pour aller plus loin : Le site web de Congo in conversation
Retrouver les articles d’Afrik sur la photographie