La situation qui prévalait au Mali depuis plusieurs semaines laissait déjà planer des signes annonciateurs de mauvaises surprises sur le sol algérien. Cela a commencé à prendre forme aux premiers moments de l’assaut lancé par l’armée française contre les groupes islamistes armés en pleine avancée vers Bamako. Les Algériens sont de plus en plus inquiets des retombées terroristes de ce conflit dans leur pays.
(De notre correspondant)
Tout a commencé, la semaine dernière, par la mise en échec d’une tentative d’infiltration d’un groupe terroriste rmé , composé de cinq individus , dans la région de Meskeline, à 300 km au Sud-Est de la ville de Djanet, près de la zone frontalière entre l’Algérie, le Niger et la Libye. La neutralisation de trois membres du groupe et la récupération de cinq fusils automatiques de type kalachnikov ainsi que le véhicule de type 4×4 à bord duquel ils se trouvaient a été annoncée pompeusement par les autorités locales.
Mais chez les plus avertis, il s’agit d’un signe avant coureur des autres incursions même si le pays a commencé par fermer ses frontières terrestres avec le Mali et la sécurisation des autres zones frontalières. « Cette tentative d’infiltration d’un groupe terroriste sur le sol de notre pays est la première alerte. Ce n’est pas possible qu’il y ait une guerre au Mali voisin sans retombées sur notre territoire qui est toujours exposé au danger terroriste. Ce qui a compliqué la donne est l’ouverture de notre espace aérien aux forces françaises, engagées dans une guerre sans merci contre les groupes islamistes armés infestant le Nord du Mali. Les choses graves sont , donc, à prévoir et l’inquiétude est toujours de mise », nous fait remarquer A. Ahcène, étudiant en économie à l’université de Tizi-Ouzou en Kabylie.
Même si les unités de l’armée sont déterminés et se sont engagés à garantir la sécurisation des frontières et à empêcher toute tentative d’atteinte à l’intégrité du territoire algérien, la population ne dort pas sur les deux oreilles. « Le danger terroriste est toujours pesant et inquiétant car il survient au moment d’une baisse de vigilance. Même la première puissance du monde avec son arsenal et ses moyens ultra-sophistiqués l’a vérifié à ses dépends un certain 11 septembre 2001. Donc tant que la guerre livrée contre les groupes islamistes armés qui occupent le nord du Mali poursuit son cours, l’inquiétude quant aux jours pires nous hantent toujours », nous fait savoir L. Zeina , enseignante de son état.
Les événements « fâcheux » d’In Amenas ont affecté la quiétude de la population à travers tout le territoire du pays. Même dans la partie Nord comme l’Algérois ou la Kabylie, l’inquiétude est toujours perceptible. En Kabylie qui reste le « stronghold » par excellence Al-Qaïda au Maghreb Islamiste (AQMI) et de son chef Abdelmalek Droukdal alias Abdelwoudoud Abou Mossaab, le retour à la décennie noire fait craindre le pire. Surtout que la conjoncture s’y prête. Avec la montée en puissance des groupes armés en Libye, en Tunisie, en Egypte et même dans le Moyen-Orient, la cohésion des rangs terroristes se réaffirme et les conséquences pouvant en découler sont difficilement mesurables.
« Tout ceux qui ont pris part à la guerre contre les islamistes d’une façon ou d’une autre en resteront la cible privilégiée. Ce n’est qu’une question de temps et il faut toujours s’attendre à des représailles aux conséquences pouvant être couteuses. Notre pays qui les combattait sans relâche et sans répit depuis 1990 est toujours dans leur viseur surtout après avoir ouvert son espace aérien aux forces françaises au Mali, engagées dans la guerre pour stopper leur avancée vers le Sud du pays », nous déclare un enseignant universitaire sous couvert de l’anonymat.
La volonté des différents groupes islamistes armés de déstabiliser l’Algérie et qui devient de plus en plus frappante heurte la sensibilité même des acteurs économiques. « Le climat délétère qui s’installe dans notre pays conséquemment à la guerre du Mali affectera sérieusement nos projets et nos ambitions surtout chez ceux qui ont des business dans le sud du pays. Le comble est que cette guerre risque de s’inscrire dans la durée et l’afghanistanisation du Sahel est la pire des conséquences qui résultera d’une guerre que notre gouvernement a tenté d’éviter en privilégiant des solutions politiques négociées » a tenu à noter Ali.B entrepreneur de son état.