Pretoria redevient Tshwane


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Un bus de la ville de Tshwane
Un bus de la ville de Tshwane

Tshwane sera, dans quelques semaines le nom officiel, de la capitale administrative sud-africaine Pretoria. La ville renoue avec son passé pré-apartheid, même si cette mesure soulève encore la controverse dans la communauté afrikaner. Une controverse qui devrait in fine être balayée par la signification – « Nous sommes les mêmes » de l’ancien nouveau nom de cette cité symbole de l’Apartheid dans une Afrique du Sud qui veut en finir avec les démons du passé.

Tshwane, c’est ainsi que vous appellerez, d’ici quelques semaines, la capitale administrative sud-africaine Pretoria. Après 4 heures de débats, le Conseil des noms géographiques sud-africains (SAGNC) s’est prononcé pour le changement de nom de cette ville phare de l’Afrique du Sud ségrégationniste. Le ministre de la Culture, Pallo Jordan, devrait entériner prochainement cette décision. « Nous sommes les mêmes » : c’est la signification en langue Tswana (on retrouve les Tswana également au Botswana et ils sont apparentés aux Sotho) de Tshwane, la langue la plus parlée dans la région de Pretoria. Une dénomination plus qu’évocatrice pour une Afrique du Sud qui tente de se remettre de son passé ségrégationniste.

Un changement qui n’est pas du goût des Afrikaners

Pour la majorité des Sud-Africains, « Pretoria est synonyme d’oppression. Plusieurs militants anti-apartheid ont été exécutés dans cette ville. Nous voulons, dans cette optique de réconciliation et de reconstruction de notre pays, effacer de tels symboles, indique Seraki Matsebe, troisième secrétaire affaires politiques de l’Ambassade d’Afrique du Sud à Paris. La signification de Tshwane reflète bien les valeurs d’égalité et d’équité qui nous sont chères. L’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent qu’ils soient Blancs ou Noirs comme le stipule le premier acte de notre constitution ». Le retour du nom de Tshwane n’est évidemment pas anodin et s’explique historiquement. C’était le nom de la ville avant l’arrivée des Afrikaners et les Noirs de Pretoria continuent de l’appeler ainsi. La ville avait été rebaptisée en hommage à Andries Pretorius, un héros boer qui avait remporté, en 1838, la bataille de Blood River contre les Zulus.

Le changement de nom de Pretoria est par conséquent un acte fort mais il soulève tout de même la controverse. Même l’ancien Président sud-africain, Frederik de Klerk, est monté au créneau pour mettre en garde quant aux conséquences de cette mesure qu’il estime contraire au processus de réconciliation. Le changement est de fait très impopulaire dans la communauté afrikaner. Elle qui, dans une certaine mesure s’acquittera, par le biais des impôts, de la facture de cette petite révolution qui se chiffrerait à plus d’un milliard de Rands selon une commission d’évaluation mise en place par le maire de Pretoria Smangaliso Mkhatshwa. Car comme c’est le cas un peu partout en Afrique de Sud, le pouvoir économique appartient encore aux Afrikaners. Ils ont d’ailleurs protesté, le 21 mai dernier, lors d’une marche, organisée par le Pretoria Civil Action (PCA), à laquelle participait, entres autres, Solidarity, la plus importante organisation de chefs d`entreprise de Pretoria, la Fédération of Afrikaans Cultural Organisations (FAK), le collectif « Pretoria Remains Pretoria » qui rassemble 27 organisations et le principal parti d’opposition, le Democratic Alliance.

Mais le quartier du centre-ville s’appellera toujours Pretoria

L’autre argument qui vient nourrir la polémique serait le non respect de la procédure par les autorités municipales de Pretoria. Il a été notamment avancé par Tony Leon, le leader du Democratic Alliance et très vite démenti par Tommy Ntsewa, le président du SAGNC. En mars 2005, M. Mkhatshwa fait valider cette décision par le conseil municipal mais il n’aurait pas procédé à une consultation populaire comme le prévoit les dispositions du SAGNC en cas de changement toponymique (la toponymie est la science dont l’objet est l’étude et la gestion des noms de lieux. Ce terme renvoie également à l’ensemble des noms de lieux d’une région). Sa requête auprès de l’organisme, que l’on dit inféodé à l’ANC dont les partisans, alors qu’ils étaient à la tête de la municipalité de Pretoria, ont lancé en 2003 (voire plus tôt) cette idée, aurait dû être de facto rejetée pour vice de procédure.

À noter que le nom Pretoria ne disparaîtra pas de la carte du pays, puisqu’il sera celui du quartier du centre-ville de la capitale administrative. Et que Tshwane est déjà le nom de la conurbation (une conurbation est une agglomération formée par la réunion de plusieurs centres urbains initialement séparés par des espaces ruraux – source Insee) qui englobe 13 municipalités dont les villes de Centurion et Pretoria, auparavant blanches, et les anciens townships de Temba ou d’Hammanskraal. Même si l’événement reste majeur, ce n’est pas la première ville ou province sud-africaine qui change de nom. La province du Gauteng, l’une des 9 d’Afrique du sud, s’appelait autrefois Pretoria-Witwatersrand-Vereeniging. Tout comme la ville de Durban, rebaptisée Ethekwini, ou Pietersburg, capitale de la province du Limpopo qui est devenue Polokwane. On ne sait pas encore quel usage sera fait du nouveau nom de Pretoria mais la presse sud-africaine a déjà fait son choix : vive Tschwane !

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