Le 2nd Forum de la Presse arabe indépendante, a attiré la semaine dernière à Beyrouth, au Liban, des journalistes et des directeurs de publications de l’ensemble du monde arabe. Ils ont mis en relief les limites de l’exercice de leur profession dans leurs pays respectifs.
Des journaux indépendants dans le monde arabe démontrent qu’ils peuvent réussir sur le plan commercial tout en préservant leur indépendance éditoriale. Mais pour cela, ils doivent négocier continuellement sur un terrain miné. Et pour la grande majorité des médias indépendants au Moyen-Orient, la censure et la répression restent la norme.
Telles sont les conclusions du 2nd Forum de la Presse arabe indépendante, qui a attiré cette semaine à Beyrouth, au Liban, des journalistes et des directeurs de publications de l’ensemble du monde arabe, venus débattre des défis et des opportunités rencontrés par les médias.
Ces défis sont énormes, les journalistes indépendants et un nombre croissant de blogueurs risquant l’arrestation et l’emprisonnement, les attaques physiques, la ruine financière et même la mort pour s’être exprimé librement.
Toutefois certains journaux parviennent à combiner l’indépendance éditoriale avec le succès commercial dans des conditions qui conduiraient au désespoir un rédacteur en chef ou un directeur de journal dans le monde occidental.
« Vous ne pouvez pas être révolutionnaire, vous devez être évolutionnaire », a estimé Mohamed Alayyan, le directeur d’Al Ghad, le premier journal indépendant de Jordanie et le second tirage du pays. « Vous ne pouvez pas dire : « Je vais tout boulverser », car ça ne vous mènerait nulle part, si ce n’est peut-être en prison. Il est essentiel de s’adapter et de continuer à repousser lentement les limites pour atteindre son objectif, pour parvenir – si cela existe – à la liberté d’expression absolue. »
Liberté d’expression muselée
Mais pour chaque Al Ghad, on trouve quantité de cas particulièrement poignants de répression et de violation de la liberté d’expression. Le Forum de la presse arabe indépendante a également vu l’intervention d’Abdel Vetah Abeidna, rédacteur en chef d’Al-Aqsa en Mauritanie, qui vit en exil car il risque un an de prison et un million d’euros d’amende – un million ! pour avoir accusé dans un reportage un homme d’affaires de protéger les membres du trafic de drogue florissant dans le pays. « Où vais-je trouver un million d’euros? » a-t-il demandé.
« Dans le monde arabe, nous nous sentons véritablement à la traîne, tellement vulnérables », a dit M. Vetah Abeidna. « C’est comme si nous vivions sur une autre planète que les gens en France, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. Là-bas, ils peuvent exprimer leurs opinions et leurs sentiments sans être inquiétés », a-t-il ajouté.
Les gouvernements arabes promettent fréquemment de réformer la presse, « mais le processus de dégradation et de détérioration des médias se poursuit », a déploré Said Essoulami, le Directeur du Centre pour la Liberté des Médias en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Le Forum de la Presse arabe Indépendante, qui était organisé par l’Association Mondiale des journaux et par le journal libanais An-Nahar, a présenté des études de cas et des témoignages sur les problèmes rencontrés par la presse indépendante dans le monde arabe, et proposé des solutions.
L’AMJ, l’organisation mondiale de l’industrie de la presse, qui est basée à Paris, défend et promeut la liberté de la presse et les intérêts professionnels et économiques des journaux dans le monde entier. Représentant 18.000 titres, elle regroupe 77 associations nationales d’éditeurs de journaux, des entreprises de presse et des directeurs de journaux individuels dans 102 pays, 12 agences de presse et 11 organisations régionales et internationales de médias.
Par Notre partenaire Arab Press Network