Zine El Abidine Ben Ali a été reconduit pour la cinquième fois, lundi, à la tête de la Tunisie remportant 89,62 % des suffrages. Ce score élevé a été remis en cause par certains observateurs qui ont rapporté que les bureaux de vote étaient pratiquement vides dimanche après midi. Une version qui contraste avec le taux de 84 % de participation avancé par le ministère de l’intérieur.
Un scrutin pour la forme. C’est sans surprise que le président sortant Zine El Abidine Ben Ali a été élu pour un mandat de cinq ans à la tête de la Tunisie. Lundi, l’homme fort du pays a obtenu 89,62 % des voix lors de l’élection de dimanche. C’est la première fois que les suffrages se situent en dessous de la barre des 90%. Lors des quatre consultations précédentes, Ben Ali avait été reconduit trois fois avec plus de 99% des voix et plus de 94 % en 2004. Un score qui ne laisse pas de place à l’opposition. Un seul candidat critiquait ouvertement le régime. Il s’agissait d’Ahmed Brahim, du parti Ettadjid (Renouveau), qui n’a récolté que 1,57 % des voix. Les autres concurrents : Mohamed Bouchiha, du Parti de l’unité populaire (PUP), et Ahmed Inoubli, de l’Union démocratique unioniste (UDU), ont obtenu respectivement 5,01% et 3,80% des voix. Quant à la participation, les autorités ont avancé le chiffre de 84 %. Une donnée qui contraste avec les avis des observateurs. D’après eux, la plupart des bureaux de vote était déserts dimanche après-midi.
Le monopole de Ben Ali
Malgré un scrutin très controversé, Ben Ali, âgé de 73 ans, bénéficie d’une forte côte de popularité. « J’ai voté pour lui parce que je pense qu’il a épargné la Tunisie de la déstabilisation (…). L’état des libertés n’est pas reluisant mais on paie les frais de la stabilité », a confié à l’AFP, Kmar, professeur de français âgé de 53 ans. Fort du développement économique du pays et d’une stabilité propice à l’investissement et au tourisme, Ben Ali a promis de réduire le chômage (14%) et d’augmenter de 40% le revenu moyen des Tunisiens d’ici à 2014. Son programme accorde la priorité à l’emploi et promet de garantir les libertés et la presse que son régime est accusé de censurer. Appuyé par son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, 2,7 millions adhérents), il prône également l’émancipation des femmes qui devraient accéder d’ici peu à 35% des postes de pouvoir. Lors de ces élections législatives, le RCD a remporté 161 sièges sur 214 à la Chambre des députés, six autres partis en lice se partageant le quart restant: le PUP de M. Bouchiha (12 députés), l’UDU d’Ahmed Inoubli (9), Ettajdid (2), le parti social libéral (8), le Parti des verts pour le progrès (6) et le Mouvement des démocrates socialistes (16).
Une victoire attendue pour le président sortant qui briguait son dernier mandat. Ben Ali ne devrait théoriquement pas se présenter pour un sixième mandat. La Constitution limitant désormais à 75 ans l’âge du chef de l’Etat tout en autorisant toutefois un nombre illimité de mandats.