Le président Bouteflika a rappelé Ahmed Ouyahia, qui retrouve donc le poste de directeur de cabinet qu’il occupait sous Zeroual, et Abdelaziz Belkhadem, ex-secrétaire général du FLN, en tant que conseiller spécial à la présidence.
A l’approche de la Présidentielle algérienne du 16 avril prochain, le président-candidat Abdelaziz Bouteflika érige son armée. Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem sont de retour, l’un comme directeur de cabinet et l’autre comme conseiller spécial à la présidence. « C’est une manière de poser les scellés sur le palais d’El Mouradia, analyse un proche du sérail. Ouyahia devient le gardien de la maison, où le frère cadet, Saïd, ne pourra plus régner comme avant. »
Selon les observateurs algériens, c’est le général Médiène, dit « Toufik », qui aurait placé Ouyahia à un « poste névralgique », prenant ainsi le relai au « puissant Larbi Belkhir » afin de verrouiller El Mouradia, le palais présidentiel. « C’est le départ de la course pour le poste de vice-président, entre Sellal, Ouyahia et Belkhadem », croit savoir un observateur, selon El Watan. Du côté de la présidence, on affirme que le retour de Belkhadem et Ouyahia à El Mouradia va de soi.
La presse fustige
Ce mode opératoire opaque qui se trame au plus haut sommet de l’Etat n’est en tout cas pas du goût de la presse algérienne. Les médias pointent une nouvelle fois du doigt le manque de transparence dans l’organisation de la campagne électorale. « On retombe dans les mêmes travers connus », écrit TSA qui va plus loin en affirmant par exemple que « pour Ahmed Ouyahia, cela n’est en rien glorieux ». « C’est même une forme de grand bond 20 ans en arrière quand il occupait ce poste de 1994 à 1995 », écrit le quotidien en ligne. Serait-ce un passage « logique » pour atteindre la vice-présidence après la « victoire annoncée du président Bouteflika » ? S’interroge la presse.
Le retour d’Abdelaziz Belkadem viserait à attirer l’électorat le plus conservateur, notamment en allant piocher dans « la frange la plus islamique ». « Belkhadem se voit, lui, nommé ministre d’État, un rang inégalé, une posture à la limite du ridicule dans ce gouvernement de fin de présidence », commente TSA.
« Pourquoi réanimer aujourd’hui politiquement Ouyahia et Belkhadem, dégommés par le clan présidentiel ? », questionne El Watan. « C’est une manière de placer des filets de sécurité au système au cas où le plan du 4e mandat explose en plein vol, avec retrait ou disparition du président-candidat », prévoit une source au fait des affaires de l’Etat.
La presse algérienne refuse de croire au retour des deux chefs de gouvernements les plus impopulaires de l’Algérie. Elle n’est pas la seule, les Algériens aussi n’y croient pas. « Le système, otage d’un AVC, est complètement stérile, incapable de se régénérer, tournant en rond, nous humiliant jour après jour », résume un internaute. Sur twitter, un hashtag à ce sujet a même été créé hier soir : #ausecourouyahiaetbelkhademreviennent.