Le principal rival d’Abdelaziz Bouteflika à la Présidentielle de ce 17 avril, Ali Benflis, affirme avoir mis en place 60 000 observateurs dans tout le pays afin d’empêcher le trucage des résultats.
La polémique de la fraude resurgit à chaque élection présidentielle en Algérie. Mais cette année, le scrutin a pris une toute autre ampleur, notamment en raison des nombreuses manifestations et chahuts observés dans l’ensemble du pays pendant la campagne, à cause, entre autres, du quatrième mandat qu’entend briguer le Président-candidat Abdelaziz Bouteflika. Mais aussi et surtout, car certains sortent de leur silence pour avouer que les élections passées ont été truquées, à l’instar d’un wali d’Oran, qui vient de confesser avoir agi en ce sens.
En 2004, Benflis avait récolté 6% des voix, s’estimant victime d’une élection truquée. Cette année, il refuse d’envisager un scrutin joué d’avance en faveur de Bouteflika, dont l’état de santé est inquiétant. Et quand bien « si la fraude est massive, les Algériens, cette fois, le verront », confie le candidat à L’Express. Il affirme avoir mis sur pied un dispositif inédit de « surveillance » comprenant 60 000 scrutateurs, à savoir un par bureau de vote, chargés d’empêcher toute tentative de fraude. Jeudi, ils auront pour mission de collecter le procès-verbal des résultats et l’envoyer aussitôt au QG du candidat. Ainsi, le ministère de l’Intérieur ne sera pas le seul à centraliser l’intégralité des suffrages exprimés. Une idée qui ferait « paniquer » le camp Bouteflika, selon un proche de Benflis.
« J’accepterai le verdict du peuple » sauf si…
Dans une interview accordée au journal Le Monde, publiée le 15 avril, Ali Benflis certifie que « si l’élection se passe normalement, j’accepterai le verdict du peuple », mais, selon lui, « la fraude a déjà commencé ». Preuve en est avec la récolte obligatoire de 600 signatures d’élus ou celles de 60 000 citoyens pour retirer un dossier de candidature à la Présidentielle au Conseil Constitutionnel. Le Président-candidat en aurait récolté plus de 4 millions, en moins de 48 heures, aurait-on dit à Benflis. « C’est impossible, conteste-t-il. On a pris les listes d’état civil des communes et on s’est mis à les reproduire à l’insu des intéressés. Si cela se trouve, il se pourrait même que j’y figure ! Des élèves sont revenus chez eux avec des formulaires d’inscription. On a même instrumentalisé l’école ».
Bien qu’il soit « pacifiste » et pour « une alternance tranquille », l’ancien homme de confiance de Bouteflika prévient : « Si la fraude gagne, si je ne suis pas élu et qu’il n’y a pas de second tour, je ne reconnaîtrai pas ces élections programmées ».
Qu’il remporte ou non la Présidentielle, celui-ci promet un avenir morose au régime actuel « qui ne finira peut-être pas le 17 avril. Mais il agonise. C’est une certitude », dit-il. Le trône du Palais d’El Mouradia fait bien des envieux, et Benflis, tout comme Bouteflika pour la quatrième fois, entend y siéger.