Disqualifiés samedi dernier par la Cour électorale, les trois candidats à la Présidentielle malgache, Lalao Ravalomanana, Andry Rajoelina et Didier Ratsirika, semblent partis pour participer malgré tout au scrutin. Alors qu’ils avaient jusqu’à mardi pour trouver des remplaçants, ils ne l’ont toujours pas fait.
L’imbroglio politique se poursuit à Madagascar. Les trois principaux candidats : Lalao Ravalomanana, épouse du Président déchu en 2003, Andry Rajoelina, l’actuel Président de transition et l’ex-chef d’Etat Didier, Ratsikara, ont été disqualifiés samedi dernier par la Cour électorale, jugeant leur participation au scrutin illégitime. Mais ces derniers font toujours la sourde oreille. Et n’ont surtout pas dit leur dernier mot. Ils avaient jusqu’à ce mardi pour nommer des remplaçants. En vain. Au contraire ils semblent même bien partis pour continuer à défendre leur candidature, malgré la mesure prise par la Cour électorale, et la Communauté internationale qui les a abreuvés de critiques.
Manifestation, ce mercredi, du camp Ravalomanana
Si cette nouvelle décision de la Cour électorale a été saluée par les médiateurs internationaux dans la crise malgache, elle a provoqué une forte grogne dans les camps des trois candidats. La mouvance de Marc Ravalomanana a annoncé qu’elle manifesterait dans la rue pour dénoncer cette mesure qu’elle juge anti-démocratique. Elle a d’ores et déjà prévu de déposer un recours. «Nous allons déposer tout d’abord un recours contre la décision de la Cour électorale qui a été prise samedi dernier, un recours visant à annuler l’exclusion notamment de notre candidate Lalao Ravalomanana», a déclaré le représentant de la mouvance Ravalomanana, Mamy Rakotoarivelo. « Nous déposons une nouvelle fois le dossier de Lalao Ravalomanana avec les pièces complémentaires impliquant des recours auprès de la CES et du Conseil d’Etat », a-t-il ajouté. Après s’être confiés à l’AFP, Didier Ratsirika et Andry Rajoelina ont, eux, confirmé n’avoir aucun remplaçant.
De l’admission à la disqualification
Au départ, leurs candidatures avaient été admises par la Cour électorale, s’attirant les foudres de la Communauté internationale et de nombreux candidats malgaches, exigeant leur retrait du scrutin. Mais une nouvelle Cour a été élue. Dès sa mise en place, cette dernière a annulé la décision de la précédente, défendant qu’ils ne remplissent pas tous les critères d’éligibilité. Le code électoral en effet n’autorise légalement pas Lalao Ravalomanana à se présenter, en raison de son retour tardif d’Afrique du Sud, où est exilé son époux, qui va à l’encontre de l’obligation de tout candidat d’avoir résidé au moins six mois avant le scrutin à Madagascar. Le Président de transition Andry Rajoelina, lui, avait après avoir évincé Marc Ravalomanana en mars 2003 promis qu’il ne se présenterait pas à la prochaine Présidentielle. D’ailleurs début mai 2013, il avait même renoncé à sa candidature avant finalement de décider de la maintenir, arguant que l’épouse de Ravalomanana s’est présentée, alors pourquoi pas lui. Quant à l’ex-chef d’Etat Didier Ratsirika, âgé de 76 ans, il pense qu’il peut apporter quelque chose à la Grande île, alors qu’il avait déjà dirigé le pays entre 1975 et 1993 et entre 1997 et 2002. Pour beaucoup, il porte aussi une responsabilité sur l’état pitoyable dans lequel le pays se trouve actuellement.
Cette élection présidentielle, déjà reportée deux fois, est censée mettre un terme à la crise qui mine le pays depuis de nombreuses années. Une nouvelle date devrait être fixée après la publication, ce mercredi, de la liste définitive des candidats. Reste à savoir si Lalao Ravalomanana, Didier Ratsirika et Andry Rajoelina se plieront à cette nouvelle liste. Finiront-ils par s’incliner face à la mesure de la Cour électorale? Si ce n’est pas le cas, la Grande île va devoir se préparer à un nouveau imbroglio politique qui viendra se rajouter à la crise qui la défigure.