Le parti qui bricole par approximations successives le destin du peuple togolais est encore toute arme tout muscle dehors. Son président-candidat, Faure Gnassingbé, avait pourtant promis une présidentielle apaisée, transparente et sans violence. Il promet, surtout, le scrutin de cette année modelée sur la réussite ghanéenne. Ses promesses avaient fait l’effet d’une éruption spontanée de décence. Mais les réalités du terrain, les mêmes qu’il y a cinq ans, le contredisent. Malgré cela, il continuent allègrement à manipuler l’opinion à travers terres et mers et sur des pages entières de publi-reportages. Les togolais, majoritairement sceptiques, y voient une histoire contre-nature du tronc d’arbre qui veut se transformer en caïman.
Avec l’invalidation de Kofi Yamgnane, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le président togolais est la pire espèce du faux prophète qui, à la face du peuple et du monde, arbore un vêtement d’agneau alors qu’au fond de lui habite un loup ravisseur. Les forces vives, très soudées, doivent mettre les petits plats dans les grands pour chasser son régime.Si le Togo était une démocratie, la candidature de Faure Gnassingbé serait invalidée.
Voyons :
• Prise de pouvoir anti-constitutionnelle ( Février 2005).
• Massacre de population civile (Avril 2005) – 500 morts/rapport de l’ONU ).
• Détournement et dilapidation des fonds publics. Recel de biens mal acquis.
• Probité morale douteuse.
• Situation familiale inappropriée (célibataire avec plusieurs enfants hors mariage).
Malgré ces cinq raisons largement suffisantes pour qu’Assouma, le président de la cour constitutionnelle, prononce la non-qualification du candidat Faure Gnassingbé à la fonction suprême d’Etat, c’est au contraire ce dernier qui dicte sa loi et fait invalider la candidature d’un honorable citoyen , sans peur de châtiment pour ses innombrables casseroles judiciaires, sans aucune gêne pour le sang humain qui ruisselle sous son fauteuil, sans même le moindre remords pour les milliers de cadavres qu’il a sur la conscience.
Tourbillon répressif cyclique
L’exclusion de Kofi, une des indécences judiciaires spécifiques au Togo, n’est que l’entrée en matière d’une volonté claire des gouvernants de rechercher la confrontation. Le Togo est au milieu d’un tourbillon répressif cyclique, presque quinquennal, que rien ne retient.C’est toujours le déni du droit et la loi de la force qui y prévalent.Pas l’apaisement politique que Faure et ses partisans théorisent à gorge déployée, sans se soucier des complications que vont avoir leurs actes sur l’avenir de la nation.
Le peuple togolais meurtri se demande s’il n’y a pas, en dehors de l’argent, une aide que Ouest-africains, Onusiens, Européens et autres bonnes volontés peuvent apporter pour exorciser la catastrophe qui se profile à l’horizon des prochaines consultations? Alors, le plus tôt sera le mieux, car – c’est visible – les togolais en sont arrivés au point de ne voir l’espoir qu’à travers une revanche à la mesure de la brutalité du régime.Ce n’était pas fortuit, ce coup politique impitoyable que le président et son ami Pascal Bodjona,ministre de l’intérieur – ce dernier est le plus gros des génies retors du clan et l’incontestable seigneur des milices du Parti-Etat – ont assené au candidat Kofi Yamgnane.Le candidat déchu appelle à la résistance : “Soyez courageux, n’ayez plus peur, la libération est proche. Rien ne sera plus comme avant”.
Les Togolais n’ont pas un autre choix que d’adhérer, massivement, à cet appel. Car, lorsqu’un peuple est aussi brimé comme l’est le nôtre, il arrive, bon gré mal gré, à forger dans sa mémoire le pouvoir qu’il a de desserrer l’étau de la tyrannie. Résister à la résistance du pouvoir RPT, c’est ça le mot d’ordre que rappelle Yamgnane à ses compatriotes.Et c’est seulement ça qu’il leur faut pour arrêter la chûte libre d’un Etat togolais réduit à sa portion congrue.Un Etat dans lequel les citoyens et leurs droits civiques ne comptent pas.