Présidentielle au Tchad : 10 dossiers rejetés contre 10 validés


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Les membres du Conseil constitutionnel du Tchad
Les membres du Conseil constitutionnel du Tchad

Le Conseil constitutionnel du Tchad a publié la liste des candidats dont les dossiers ont été retenus pour la Présidentielle du 6 mai 2024. Sur les 20 candidats sur la ligne de départ, 10 ont été recalés laissant les 10 autres poursuivre la course.

On connaît désormais les noms des candidats à l’élection présidentielle du 6 mai 2024 au Tchad. La liste de 10 prétendants au poste de président de la République a été communiquée à la presse, dimanche par le Conseil constitutionnel. Parmi ces 10, il y a notamment le Président de la Transition, Mahamat Idriss Déby, son Premier ministre, l’ancien opposant Succès Masra, l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké.

Au nombre des 10 candidatures rejetées figurent celles de deux farouches opposants au régime. Il s’agit de celles de Nassour Ibrahim Koursami, le porte-flambeau du Groupe de concertation des acteurs politiques (Gcap), une plateforme de l’opposition dure, et de Rakhis Ahmat Saleh. Leurs dossiers jugés « non conformes » et « irrecevables » ont été rejetés pour des irrégularités relevées sur certaines des pièces constitutives de ces dossiers. Pour le cas de Nassour Ibrahim Koursami par exemple, il a été relevé que ses pièces portent différents lieux de naissance. En dehors du rejet de son dossier, le Conseil constitutionnel a annoncé l’ouverture prochaine d’une procédure judiciaire à son encontre pour « faux et usage de faux ».

L’opposition dénonce une « mascarade » électorale

Pour les responsables de l’opposition écartés de la course, leur éviction participe d’une stratégie de la junte pour se maintenir au pouvoir. « Le pouvoir ne veut pas faire face à une opposition crédible dans les urnes », déplore Nassour Ibrahim Koursami. Pour lui, le Conseil constitutionnel « n’a fait que valider la liste de candidats qui va accompagner le chef de la junte lors de l’élection présidentielle ». Réaction similaire chez Rakhis Ahmat Saleh : « Tout l’argumentaire utilisé ne tient pas la route », se désole-t-il. Il souligne que tout ceci procède de « manœuvres » mises en branle par le Conseil constitutionnel pour les mettre à l’écart, « sans raison valable ».

Pour l’autre plateforme de l’opposition, Wakit Tama, la Présidentielle du 6 mai n’est rien moins qu’une « mascarade » à laquelle les Tchadiens ne devraient point participer. Le mot d’ordre lancé par la plateforme, c’est donc le boycott pur et simple, puisque ses responsables estiment que le scrutin est « gagné d’avance » par Mahamat Idriss Déby. Un président de la Transition qui, dès qu’il a accaparé le pouvoir à la mort de son père, Idriss Déby Itno, avait promis de ne pas participer à l’élection à la fin de la Transition. Mais qui, chemin faisant, a visiblement s’est laissé enivrer par le pouvoir.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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