Après des mois de tergiversations, les autorités maliennes ont enfin fixé la date de l’élection présidentielle au 28 juillet 2013. La question de la libération totale du Nord-Mali et la tenue d’une élection sur toute l’étendue du territoire restent les principaux défis que l’actuel gouvernement doit relever.
La tenue de la prochaine élection présidentielle au Mali ne fait plus l’ombre d’un doute. Un projet de loi adopté en Conseil des ministres convoque en effet les maliens à se rendre aux urnes le 28 juillet 2013 sur toute l’étendue du territoire. Selon Malijet.com, la campagne électorale débutera le 7 juillet 2013 et s’achèvera le 26 du même mois. Le journal malien ajoute que le second tour, prévu pour le 11 août, débutera au lendemain du premier tour, pour s’achever le 9 du même mois.
« Ces élections doivent avoir lieu »
Des dates importantes pour le devenir d’un pays meurtri par un récent conflit militaire. Cette décision d’organiser les élections, prises par les autorités du pays, relève d’un défi énorme. En effet, il y a à peine quelques mois, l’idée de convoquer des élections dans ce pays était presque de la chimère, en raison du désordre et de la mésentente au sein de la classe politique malienne. Une classe politique divisée sur l’idée de tenir des élections avant la libération des régions du Nord. « Pour nous, la tenue des élections est un pari impossible », déclarait en janvier dernier Nouhoum Keita, responsable de Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), le principal parti qui avait soutenu les putschistes dirigés par le capitaine Amadou Sanogo. « Il y a trop de problèmes à régler d’ici là : la loi électorale à voter, la commission électorale qui donne lieu à des batailles entre les forces politiques, le retour des déplacés dont certains ne sont même pas au Mali », ajoute-t-il.
Mais les autorités du pays, dirigés par Diocounda Traoré, se veulent optimistes. Le président par intérim souhaite à tout prix organiser des élections et réinstaurer la paix dans le Nord du pays. « Je voudrais réitérer notre engagement à conduire la transition en cours avec un seul agenda : le recouvrement des territoires occupés (par les insurgés islamistes), mais aussi et surtout le retour du Mali à une situation constitutionnelle normale », avait-il précisé en janvier dernier à Addis-Abeba.
Cette volonté d’organiser des élections libres et transparentes au Mali est aussi un vœu formulé par le gouvernement français. « Ces élections doivent avoir lieu. Pour le peuple malien lui-même, pour l’exemple que nous devons donner à toute l’Afrique et pour la légitimité qui doit être celle de l’autorité malienne pour poursuivre le dialogue politique », avait martelé en substance le président Hollande en mai dernier. Et d’ajouter : « Ces élections doivent se tenir sur tout le territoire malien. J’insiste bien : sur tout le territoire malien. Aucune fraction du Mali ne doit être privée de la possibilité d’organiser ce scrutin ».
Un défi immense
Organiser un scrutin sur toute l’étendue du territoire ? Les doutes subsistent déjà. Mais le président malien par intérim rassure : « Pour moi, l’armée doit être à Kidal avant le premier tour. L’administration malienne aussi. Nous sommes déjà engagés dans un processus de dialogue », a fait savoir Diocounda Traoré, qui ajoute : « la ville de Kidal sera libérée ».
Mais les détracteurs ridiculisent déjà. « Il a surement dit cela pour plaire à son opinion. Si on veut être efficace dans les négociations et éviter les incidents, il est clair qu’il faut arrêter ce genre de discours guerrier », susurre-t-on à Ouagadougou, où se tiennent en ce moment les premières discussions entre le gouvernement malien et les groupes du Nord-Mali.
D’ici là, les tractations en vue de relancer l’activité économique du pays se poursuivent. En début mai, une importante somme de 3,25 milliards d’euros a été débloquée par l’Union Européenne pour assister le pays.