L’élection présidentielle de mai 2019 au Malawi avait donné victorieux le Président en exercice Peter Mutharika, lui permettant ainsi de rempiler. Il avait succédé à Joyce Banda en 2014. Mais cette victoire est fortement contestée par l’opposition qui a introduit un recours devant la Cour constitutionnelle du pays. La haute juridiction en charge du contentieux électoral doit rendre son verdict ce lundi.
Au Malawi, tous les regards sont tournés vers la Cour constitutionnelle qui doit rendre une décision historique ce jour. En effet, l’institution doit prononcer, ce 3 février, son verdict au sujet du contentieux électoral qui agite le pays depuis la réélection en mai dernier du président sortant âgé de 80 ans, Peter Mutharika (38,57 % des suffrages) face à Lazarus Chakwera (35,41 % des voix), soit 159 000 voix de différence seulement. L’opposition, appuyée par Saulos Chilima, le candidat arrivé en troisième position, n’a pas accepté ces résultats, accusant le camp présidentiel de fraudes massives. Ces accusations ont été partiellement confirmées par les observateurs internationaux, puisque le responsable des observateurs de l’Union européenne, Mark Stephens, n’a pas manqué d’indiquer, peu de temps après le scrutin, que « beaucoup d’erreurs avaient été commises pendant le décompte ».
Un recours en annulation du scrutin a donc été introduit devant la Cour constitutionnelle, juge du contentieux électoral dans le pays, et de nombreuses manifestations de protestation entraînant des affrontements avec les forces de l’ordre, ont été organisées.
Tout le Malawi attend avec impatience la décision de l’institution qui doit intervenir ce jour, après plusieurs mois d’audience. Face aux enjeux, l’attente se fait dans un climat de tension perceptible à travers le déploiement des forces de l’ordre dans le périmètre de la Cour constitutionnelle où les juges ont d’ailleurs été conduits en véhicule blindé. Au cas où la Cour déciderait d’invalider le scrutin, un autre devra être organisé dans les soixante jours. Mais ceci n’est pas systématique, puisque les deux parties ont la possibilité d’interjeter appel.
En attendant, les appels au calme fusent de partout, aussi bien de l’opposition que du camp présidentiel et de la communauté internationale dans la crainte de débordements. Si l’invalidation du scrutin était prononcée, le Malawi deviendrait alors le deuxième pays du continent où cela se produirait après le Kenya où l’élection présidentielle a été invalidée en 2017.