50,70% des voix, victoire d’une courte tête pour le candidat du NDC. En ce 9 décembre 2012, John Dramani Mahama est devenu le 4ème Président élu de la République du Ghana, depuis l’instauration de la démocratie en 1992.
(De notre correspondant)
Longtemps dans l’ombre par l’essence même de son statut de vice-Président, John Mahama est passé à la lumière dès la soudaine disparition du Président John Evans Atta Mills le 24 juillet dernier. Ainsi, conformément à la Constitution ghanéenne de 1992 en son article 60, « chaque fois que le Président décède, démissionne ou est démis de ses fonctions, le vice-Président assume les fonctions de Président pour la durée restant à courir du mandat du Président, à compter de la date de la mort, démission ou la destitution du Président ».
De fait et de droit Président par intérim, en quête de légitimité, cet originaire de la région nord du Ghana, né en novembre 1958, dans l’actuelle circonscription de Damongo-Daboya, est issu d’une famille musulmane déjà ancrée dans la politique. Pur produit de l’héritage politique de son père qui fut le premier membre du Parlement de la circonscription et le premier commissaire régional du nord, sous le premier et illustre Président du Ghana, Kwamé Nkrumah.
Investi à une majorité écrasante de 99,5% des voix exprimées au congrès de son parti, le NDC, le 30 août dernier à Kumasi, la seconde ville du pays, John Mahama s’est donné pour programme politique, un axe majeur : parvenir à la réalisation d’un meilleur Ghana, autour de l’emploi, de la stabilité politique et du développement.
Sur l’emploi, les attentes sont nombreuses. En effet, la population ghanéenne est marquée par une frange importante de jeunes. Des milliers de jeunes avec ou sans qualification professionnelle sur le marché de l’emploi. La majorité d’entre eux sont des migrants des régions rurales venus s’installer dans les villes, notamment à Accra. Exerçant dans une multitude de petits boulots, ils sont au mieux des cas chauffeurs de taxi. Interrogés, les chauffeurs de taxi espèrent que le nouveau Président allègera les taxes pour les soulager. Quant aux autres, ils se persuadent que le Président élu fera à coup sûr quelque chose pour les tirer de la misère et améliorer leurs conditions de vie. Alors que la masse des fonctionnaires s’attend à une augmentation des salaires, aux fins de soutenir leur pouvoir d’achat.
Pour donner du travail à ces jeunes qui ont massivement cru en son programme et exprimé leur suffrage en sa faveur, le Président élu peut s’appuyer sur un pays prospère. En effet, le Ghana devenu au cours de l’année 2000 un pays producteur de pétrole, est aussi riche en minerais, notamment l’or dont il est le 2ème producteur mondial. 2ème producteur mondial aussi de cacao. Mais en plus, le Président élu veut donner aux jeunes de meilleures conditions pour faire de l’agriculture un autre pôle de création d’emplois. Autant d’atouts économiques qui garantissent au Ghana un régulier taux de croissance de 5%.
En ce qui concerne la stabilité politique du pays, la solidité des institutions démocratiques mises en place, il y a une vingtaine d’années, ne souffre d’aucune remise en cause. En témoigne la transition politique pacifique et réussie après la mort en exercice du Président Atta Mills. De même que le déroulement régulier du récent processus électoral mené avec brio par le charismatique président de la Commission électorale, le Dr Afari Gyan.
Au regard des potentialités économiques considérables du pays et de la stabilité politique depuis une vingtaine d’années, le développement du Ghana devrait être une conséquence logique. Cela passe aussi nécessairement par une répartition équitable des richesses nationales, entre les régions sud et celles du nord faiblement dotées d’infrastructures.
C’est seulement à ce prix que « A better Ghana » prôné au cours de la campagne électorale par John Dramani Mahama, pourrait alors passer de la promesse électorale à une réalité pour les Ghanéens.
Par Fritzell Sintondji