
Le Gabon organise ce samedi une élection présidentielle décisive, la première depuis le renversement du président Ali Bongo en août 2023. Ce scrutin, placé sous haute surveillance nationale et internationale, marque une étape importante dans la transition politique entamée après le coup d’État militaire.
C’est un jour de vote au Gabon avec l’élection présidentielle de ce samedi. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h, heure locale (6h GMT), et fermeront à 18h (17h GMT). Selon le ministère de l’Intérieur, quelque 900 000 électeurs sont appelés aux urnes dans plus de 3 000 bureaux de vote à travers le pays. La campagne électorale, qui s’est étendue sur deux semaines, s’est achevée vendredi dans un climat globalement calme.
Une transition sous les yeux de la communauté internationale
Huit candidats sont en lice, dont une seule femme, Zenaba Gninga Chaning. Ce scrutin est vu par de nombreux observateurs comme un test pour la consolidation des institutions démocratiques dans un pays marqué par plus de cinq décennies de domination politique de la famille Bongo.
Pour garantir la transparence du processus électoral, environ 2 450 observateurs ont été déployés, représentant notamment l’Union Africaine, la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale, le Commonwealth et l’Organisation Internationale de la Francophonie. Dans un communiqué, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale, Abdou Abarry, a appelé à des élections « transparentes, crédibles et pacifiques ».
Un duel annoncé entre Nguema et Bilie By Nze
Le président de la Transition, Brice Oligui Nguema, est considéré comme le favori de cette élection. Âgé de 50 ans, il a pris le pouvoir en août 2023 à la suite d’un coup d’État sans effusion de sang, peu après l’annonce controversée de la réélection d’Ali Bongo. Depuis, il a dirigé le pays sous un régime transitoire, mettant en œuvre plusieurs réformes qu’il souhaite désormais pérenniser.
Soutenu par une coalition nommée Rassemblement des bâtisseurs, Nguema a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption, l’investissement dans les infrastructures et la refondation de l’État. Il s’est également engagé à renforcer la souveraineté économique du Gabon et à créer des opportunités d’emploi, notamment pour les jeunes. Son principal rival, Alain Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre du régime Bongo, se présente sous la bannière de son propre mouvement, Ensemble pour le Gabon.
Un cadre institutionnel renouvelé
Bien qu’issu du système politique précédent, il cherche à se positionner comme une alternative en rupture avec l’ancien pouvoir. Sa campagne a mis l’accent sur la relance économique, en particulier par la diversification des secteurs productifs, comme l’agriculture et le tourisme.
Le scrutin de ce samedi se déroule dans un nouveau cadre constitutionnel. Une réforme adoptée par référendum en 2024 a profondément modifié la structure politique du pays : le poste de Premier ministre a été supprimé et le mandat présidentiel fixé à sept ans, renouvelable une seule fois. En cas d’absence de majorité absolue dès le premier tour, un second tour sera organisé entre les deux candidats arrivés en tête.
Un tournant attendu
Longtemps dépendant des exportations de pétrole, de bois et de manganèse, le Gabon cherche à réorienter son économie et à renforcer ses institutions. Le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a déclaré que cette élection représente un « tournant dans la restauration des institutions nationales ». Alors que les Gabonais se rendent aux urnes, la communauté internationale et la population espèrent une élection apaisée, transparente et porteuse d’un nouveau départ pour ce pays d’Afrique centrale.