Présidentielle au Congo : que cache l’interdiction faite aux évêques de déployer des observateurs ?


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Eglise Congo
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La conférence épiscopale du Congo n’enverra pas d’observateurs sur le terrain à l’occasion de l’élection présidentielle prévue pour dimanche prochain. Pour défaut de récépissé du ministère de l’Intérieur l’y autorisant. Une première à en croire les responsables de l’église catholique au Congo. De quoi se poser des questions sur les intentions réelles des autorités de Brazzaville.

Le 21 mars 2021, soit dimanche prochain, 2.5 millions d’électeurs congolais sont appelés aux urnes pour choisir leur président de la République, parmi sept candidats dont Denis Sassou N’Guesso au pouvoir depuis près de quatre décennies. Contre toute attente, les autorités de Brazzaville décident d’empêcher la conférence épiscopale d’envoyer des observateurs sur le terrain pour suivre le déroulement du scrutin. C’est à travers un courrier adressé aux évêques qu’il leur a été notifié qu’ils ne détenaient pas le récépissé du ministère de l’Intérieur qui leur donne le droit d’observer le déroulement du scrutin du 21 mars.

Du côté de la conférence épiscopale, la surprise est totale, comme l’explique l’abbé Félicien Mavoungou, coordinateur national de la Commission épiscopale « Justice et Paix » au Congo-Brazzaville, au micro de RFI : « Nous ne comprenons pas ce refus. Une église qui est présente dans le pays et qui est une partie importante de la société civile. Nous ne comprenons pas. Ils demandent qu’il y ait un récépissé spécifique à l’observation électorale. On n’en a jamais parlé, nous ne connaissons pas un seul cas d’ONG qui détiendrait un récépissé pour l’observation électorale. Tout cela nous surprend et nous sommes en train de poser beaucoup de questions. Nous voulons savoir un peu plus ».

Et le prêtre de soulever quelques questions : « Est-ce que c’est à dessein ? Est-ce que c’est lié aux prises de parole des évêques ? Les évêques avaient émis quelques réserves contre le déroulement du processus électoral, contre les listes électorales. Peut-être que c’est le prétexte qui est trouvé pour ne pas nous donner la possibilité d’observer les élections ». Il y a quelques jours en effet, les évêques congolais avaient formulé des critiques acerbes contre le processus électoral en cours et émis de sérieuses réserves quant à la transparence du scrutin du 21 mars. Leur réaction n’avait pas été du goût du gouvernement dont le porte-parole est très vite monté au créneau pour tenter de battre en brèche leurs propos.

Dans le contexte politique actuel au Congo, il est difficile de ne pas voir un lien entre la position affichée par les évêques sur le processus électoral et la décision qui vient de leur être notifiée. C’est à croire que le régime de Brazzaville a effectivement des choses à se reprocher, des choses à cacher.
Affaire à suivre.


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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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