Une faible affluence a été observée dans les bureaux de vote dimanche, au Burkina Faso, où se déroulait le premier tour de la présidentielle dont le chef de l’Etat Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, est l’écrasant favori. Bien qu’ayant boudé cette élection dans leur grande majorité, les Burkinabè n’ont pas pour autant perdu leur langue. Ils livrent leurs opinions sur le scrutin. Vox populi.
De notre correspondant
Aminata Gadiaga, élève infirmière : Cette élection représente le
moment pour tout Burkinabè de pouvoir faire son choix et espérer
un changement. J’ai 23 ans et suis née la même année que Blaise
Compaoré est parvenue au pouvoir. De ce fait, il m’est difficile de
faire alors une comparaison entre sa gestion du pouvoir et celle
de ses prédécesseurs. Mais j’entends mes aînés dire qu’il n’y a
pas eu grand changement. De ce que j’observe, ça
ne va pas. Les jeunes chôment, beaucoup d’entre eux n’ont pas les
moyens pour continuer leurs études. J’espère vraiment que cette
élection sera un nouveau départ pour le Burkina.
Hyppolite Ouédraogo, vendeur de fruits : Les élections sont très
importantes pour la vie de notre pays. Je suis très heureux d’avoir
voté pour Blaise Compaoré, mon candidat. Je souhaite qu’il fasse
de son mieux pour créer des emplois pour nous les jeunes. C’est
dur d’avoir un emploi aujourd’hui, ce qui complique nos conditions
de vie.
Moussa Zoénaba, sans emploi : Je n’ai pas voté parce que je
n’avais pas d’acte de naissance. Je l’ai obtenu il y a seulement
deux semaines afin d’aller me faire établir ma carte d’identité
nationale. Mais est-ce qu’il valait la peine d’aller s’inscrire pour
cette élection ? Nous sommes fatigués. Rien n’avance et la vie est
de plus en plus chère. Tous les politiciens sont les mêmes. Ils ne
songent qu’à leurs intérêts.
Nadège Coulibaly, agent commercial : Je n’ai pas voté parce que
je ne me suis même pas inscrite. Mais en réalité, ça ne m’intéresse
pas du tout. De toute façon Blaise Compaoré va passer. Je préfère
rester neutre et m’abstenir. Il faut dire que j’ai peur de l’inconnu.
Le président sortant a une gestion acceptable, il fait de son mieux
pour que le pays avance. Alors je préfère qu’il continue son œuvre
mais qu’il rompe d’avec la monotonie. On attend du nouveau de sa
part.
Oumar Saréba, étudiant : Voter est un devoir citoyen pour moi qui me permet de participer à la démocratie dans mon pays et de
surtout donner ma voix à mon candidat. J’attends du président qui
sera élu qu’il œuvre à l’amélioration de nos conditions de vie.
Ismaël Ouédraogo, cadre de l’administration publique : Le vote
est un devoir citoyen que chacun devrait accomplir. Cependant
on fait le constat que le découragement a touché une grande
partie des Burkinabè. Cela, pour l’essentiel, s’est traduit par le faible
taux d’inscription sur les listes électorales. Mais tout compte fait,
l’élection permet à chacun d’exprimer son opinion et de faire
son choix. Il n’y a pas d’enjeu dans la mesure où le président
sortant est grandement favori. L’enjeu à mon avis c’est de savoir
qui sera deuxième. C’est au niveau des opposants que se situe
l’enjeu. De nouvelles têtes vont émerger. Mais déjà la
faible participation à cette élection devra donner à réfléchir à tous
les acteurs politiques burkinabè. Et j’espère surtout que cette
situation sera l’occasion pour le pouvoir de prendre conscience de
l’état de grande pauvreté du plus grand nombre des Burkinabè.
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