Les nombreuses interrogations autour de l’incapacité d’Abdelaziz Bouteflika à briguer un quatrième mandat n’hantent plus seulement l’esprit des contestataires. Désormais, même l’entourage proche de la Présidence reconnaît que l’état de santé du dirigeant algérien n’est pas aussi bon que certains essaient de le faire croire.
Fraîchement nommé ministre d’Etat, Abdelaziz Belkhadem a concédé sur un plateau de télévision qu’il arrivait au Président de perdre sa voix et qu’il a toujours besoin de rééducation. L’ex-secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN) confirme ainsi les nombreuses rumeurs et ce qui était vu comme un « acharnement » de l’opposition contre un quatrième mandat du Président.
Ce dernier a affirmé que le chef de l’Etat ne peut pas faire usage de ses jambes. « Ses muscles ont été atteints. Il poursuit toujours une rééducation fonctionnelle pour retrouver ses fonctions. Mais cela ne veut pas dire qu’il a perdu ses facultés d’analyse », a tenté de relativiser Belkhadem sur le plateau de Dzair TV. Mais face à la question du journaliste qui lui fait remarquer que le chef de l’Etat a été « incapable de parler » lors du dépôt du dossier de candidature au Conseil constitutionnel, l’ancien secrétaire général du FLN bafouille : « C’est vrai. Il lui arrive de perdre la voix. Mais parfois, il récupère ses facultés vocales ».
Ahmed Ouyahia, nommé directeur de Cabinet, a lui aussi tenté de jouer la carte de la transparence. L’ancien Premier ministre a reconnu que le Président Bouteflika n’est « plus ce qu’il était il y a 15 ans ».
Nouvelle stratégie de communication
Ces aveux de Bouteflika, par l’intermédiaire de Belkhadem et Ouyahia, balaie les nombreuses déclarations de Saâdani, secrétaire général du FLN, et du Premier ministre Sellal, selon lesquelles « le Président va bien ». Face à la contestation grandissante en Algérie, le pouvoir change de tactique.
La presse algérienne s’interroge sur cette nouvelle manière de communiquer. « Par calculs politiciens ou par résignation, ceux qui entourent Abdelaziz Bouteflika sont en train de reconnaître une évidence qui devra conduire, très probablement, à une issue malheureuse pour eux. Sont-ils en train de préparer l’opinion publique à un scénario catastrophe ? Sont-ils en train de justifier une prochaine gouvernance par procuration ? Ou le mensonge était-il trop voyant et a besoin désormais d’être nuancé pour passer ? », questionne le journal El Watan.
La presse algérienne évoque un pays dirigé par un homme en « fauteuil roulant ». Elle considère que l’Algérie sera gouvernée, « non pas par le Président élu, mais plutôt par une autre équipe qui sera dépourvue de toute légitimité ». Une chose est en tout cas certaine, Bouteflika a bel et bien l’intention de mourir sur le trône. Car comme l’a affirmé son Premier ministre, Abdelmalek Sellal: « Bouteflika veut mourir en moudjahid (martyr) pour l’Algérie ».