L’annonce du report de l’élection présidentielle malgache, au 23 août prochain, par le gouvernement de transition suscite une vague de réactions. Après de nombreux dysfonctionnements notés et la demande des forces de l’ordre, fin mai, de reporter l’élection présidentielle pour un mois, cette décision risque de compromettre l’organisation du scrutin.
Andry Rajoelina peut dormir sur ses deux oreilles. Après des mois de tractations difficiles entre le parti au pouvoir et l’opposition, le chef de l’Etat malgache vient de remporter une première bataille. Sa très chère décision de reporter l’élection présidentielle a été confirmée ce jeudi. Elle devra avoir lieu le 23 août prochain. Mais la date du second tour reste maintenue. Il aura lieu le 25 septembre.
Pour quel motif reporter cette date alors ? A cause de la suspension de l’aide des donateurs, liée à la volte-face du président Rajoelina qui a, finalement, décidé de se présenter à l’élection présidentielle.
Un secret de polichinelle
Mais la nouvelle ne suscite pas une grande surprise, pour autant. Car en fin mai, les forces de l’ordre avaient également exigé le report de l’élection présidentielle d’un mois, afin de faire aboutir des consultations entre le comité de la réconciliation malgache et celui de suivi et de contrôle de l’application de la feuille de route. Une demande des forces de l’ordre qui faisait déjà planer le doute sur une éventuelle tenue de l’élection présidentielle.
Néanmoins, les conséquences risquent d’être très lourdes. La Communauté de développement de l’Afrique australe, médiatrice dans la crise malgache, doit se réunir ce dimanche et risque de n’accepter aucun nouveau délai.
Une décision qui pourrait influencer la communauté internationale à abandonner le jeu. La communauté internationale avait suspendu en début mai une aide de 13 millions d’euros avant de revenir sur sa décision le 24 mai dernier. « Il n’a pas d’interruption de l’appui de l’Union Européenne au processus électoral…tous les appuis dans l’organisation des élections, que ce soit par le biais du Projet d’appui au cycle électoral à Madagascar ou par le biais des organisations non gouvernementales, continuent…il y a un malentendu », a déclaré Leonidas Tezapsidis, ambassadeur de l’Union Européenne (UE). Mais l’UE pourrait bien changer de stratégie, face aux tergiversations et au manque de volonté du gouvernement d’Andry Rajoelina d’organiser la présidentielle.
Une élection à problèmes
L’autre problème à résoudre n’est ni le financement de l’élection présidentielle, ni même le report. Mais le maintien des trois candidatures controversées : celle de l’actuel président, Andry Rajoelina, celle de Lalao Ravalomanana, épouse de l’ancien président Marc Ravalomanana et celle de Didier Ratsiraka, ancien président.
Trois candidatures qui ont profondément choqué la diplomatie européenne et française. Paris avait fait part de sa déception. « La France a appris avec déception de la Cour électorale spéciale de déclarer recevable la candidature de M. Andry Rajoelina à l’élection présidentielle de Madagascar, de même que celles de Mme Lalao Ravalomana et de M. Didier Ratsiraka », avait déclaré Quai d’Orsay.
Lundi, tous les acteurs malgaches et les organes de réconciliation s’étaient mis d’accord pour demander le retrait des trois candidatures, mais là aussi ils butent sur la Cour électorale spéciale (CES). Les trois candidatures restent maintenues, l’élection présidentielle reportée.