Pour la première fois à Madagascar, un seul et même bulletin sera remis aux candidats à l’élection présidentielle de juillet. Le bulletin unique est censé limiter les fraudes le jour du scrutin. La commission électorale vient de présenter les bulletins de vote en question.
Comment limiter les fraudes lors de l’élection présidentielle de juillet 2013 ? La commission électorale a opté pour le bulletin unique pour chaque candidat. Une première à Madagascar.
Une mesure qui devrait réduire les inégalités entre les candidats les plus pauvres et les candidats les plus riches. « Avant, chaque candidat fournissait ses bulletins de vote négociés avec les imprimeries. Il fallait vraiment être influent. Il y avait aussi le problème de l’acheminement. Le candidat de l’administration envoyait ses bulletins de vote avec tous les matériels de vote. Les autres candidats se débrouillaient tous seuls et cela était un avantage très important pour le candidat du pouvoir », confie à RFI, Sahondra Rabenarivo, juriste, membre de l’Observatoire de la vie publique.
Béatrice Atallah, la présidente de la commission électorale, a présenté les bulletins uniques en question. Elle a insisté sur le fait que cette pratique limitera les fraudes lors du scrutin. Même son de cloche du côté de Sahondra Rabenarivo qui renchérit : « Avec les bulletins séparés avant, on pouvait sortir du bureau de vote et à 250 mètres où il n’y avait plus d’observateurs, prouver à quelconque personne comment on avait voté en lui montrant les bulletins qu’on n’avait pas versés. Et collecter à ce moment là, les 5 000 ariary ou le sac de riz ou la prime pour le vote ».
Des fraudes avant le scrutin
Les candidatures à l’élection présidentielle, prévue pour juillet, se sont ouvertes lundi 8 et se clôtureront le 28 avril. Alors que l’actuel président de la transition Andry Rajoelina ne se présentera pas, la question de la candidature de la femme de l’ancien président renversé, Marc Ravalomanana, n’a pas encore été réglée. A trois mois du scrutin, de multiples fraudes sont à déplorer.
« Les conditions ne sont pas réunies pour l’organisation de la présidentielle. Par exemple, la population malgache n’est pas préparée à la pratique du bulletin unique, un nouveau procédé qui n’a pas été vulgarisé », déclare à Afrik.com, Ravelonjohany, avocat et membre du FBM (le parti arc-en-ciel). Et d’ajouter : Il y a, par ailleurs, des fraudes en matière de délivrance de la carte d’identité, « certains électeurs qui disposent déjà d’une carte d’identité ont quand même fait la demande pour en avoir une autre. Le recensement des électeurs a été fait à la hâte. Ce qui fait qu’on n’a pas le chiffre exact du nombre de votants », nous précise cet homme politique malgache. « Certains candidats ont été avantagés, ils ont ainsi pu faire des précampagnes ce qui n’est pas conforme au code électoral malgache. Le principe d’une élection juste et crédible n’a pas été respecté ! », s’offusque Ravelonjohany.
Le bulletin unique n’est pas, a fortiori, la panacée. Alors que les candidatures à la présidentielle sont ouvertes, Madagascar est toujours en crise. Une nouvelle médiation a débuté, jeudi 18 avril. Elle est chapeautée sous la direction du FFKM, le conseil œcuménique des églises chrétiennes. Ses missions sont claires : « Les participants réunis lors de la journée inaugurale vont maintenant s’atteler à la collecte d’informations en régions. Les moyens d’amener Madagascar à sortir de la crise de manière pérenne seront ensuite synthétisés dans la capitale à l’issue de trois jours de conclave fin avril ou début mai », selon les médias locaux. En cas de consensus, le scrutin présidentiel dont le premier tour est prévu pour le 24 juillet pourrait être reporté pour laisser place à la nouvelle transition.
En cas de maintien de l’élection présidentielle, ce sont les imprimeurs sud-africains qui seront chargés de réaliser les bulletins uniques.