![Faure Gnassingbé Faure Gnassingbé, Président du Togo](https://www.afrik.com/wp-content/uploads/2020/04/faure-gnassingbe-696x392.jpg)
Le Togo organise ce samedi ses premières élections sénatoriales, un scrutin historique qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle Constitution adoptée en avril et promulguée, le 6 mai 2024. Ce changement institutionnel, vivement critiqué par l’opposition, consacre l’instauration d’un régime parlementaire et redéfinit les équilibres du pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Depuis 7h 00 et ceci jusqu’à 16h 00, les bureaux de vote sont ouverts au Togo pour l’élection des sénateurs. Une première dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où une nouvelle Constitution a été promulguée il y a quelques mois. Le Sénat sera composé de 61 membres, dont 41 élus au suffrage indirect par les conseillers régionaux et municipaux. Les 20 autres sièges seront attribués par le président de la République. Cette réforme abolit l’élection du chef de l’État au suffrage universel et confère le pouvoir exécutif à un président du Conseil, désigné comme étant le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale.
Un processus controversé
Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père, apparaît comme le principal bénéficiaire de cette réforme. Son parti, l’Union pour la République (Unir), ayant obtenu 108 sièges sur 113 lors des élections législatives d’avril 2024, il devrait sans surprise être désigné président du Conseil et conserver le contrôle effectif du pays. L’opposition, qui avait en son temps dénoncé un « hold-up électoral », considère ces élections sénatoriales comme une « parodie d’élections », estimant que ce nouveau système visait à maintenir Faure Gnassingbé au pouvoir de manière indéfinie. Plusieurs partis majeurs, comme l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la République (FDR), ont choisi de boycotter le scrutin, jugeant le processus antidémocratique.
Des critiques face à un pouvoir renforcé
Les partis d’opposition et des organisations de la société civile dénoncent une réforme qui renforce un régime déjà jugé autoritaire. Selon les FDR, ces élections sont biaisées, car « le régime a réussi, grâce à des fraudes électorales massives lors des scrutins communaux de 2019 et régionaux de 2024, à s’attribuer la quasi-totalité des conseillers municipaux et régionaux », ceux-là mêmes qui sont appelés à élire les sénateurs.
En parallèle, le gouvernement défend cette évolution institutionnelle comme un gage de modernisation et de décentralisation du pouvoir. « Le Sénat va contribuer à renforcer la participation des citoyens à l’exercice du pouvoir politique », a affirmé Mazamesso Wella, chercheur en droit public à l’Université de Lomé, lors d’une intervention télévisée.
Faure Gnassingbé garantit son avenir politique
Avec ce nouveau cadre constitutionnel, le rôle de président de la République devient symbolique, tandis que le pouvoir exécutif repose entièrement entre les mains du président du Conseil. Une fois le Sénat en place, Faure Gnassingbé pourra être officiellement désigné à ce poste, consolidant son emprise sur le pays.
Le contexte politique togolais reste marqué par une répression des contestations, la difficulté pour l’opposition à se mobiliser, et une fermeture médiatique, illustrée par le refus d’accréditation des journalistes étrangers pour couvrir ce scrutin. Face à ce verrouillage du pouvoir, l’avenir démocratique du Togo demeure incertain. Mais une chose est certaine : Faure Gnassingbé, lui, déroule tranquillement son plan. Un plan qui lui permet un maintien au pouvoir ad vitam eternam.