Vérone Mankou, directeur de la société congolaise VMK, ingénieur de 25 ans, a présenté samedi à Brazzaville la première tablette tactile conçue au Congo, lors du sommet Africa Web Summit. Mais pour certains, la tablette fabriquée en Chine, n’est pas totalement africaine.
La première tablette tactile africaine est née. Une première dans l’histoire des nouvelles technologies du continent. Conçue au Congo, elle a été présentée samedi 17 septembre par son créateur Vérone Mankou, ingénieur de 25 ans, directeur de la société congolaise VMK, agence de communication interactive et de technologies Internet, lors du sommet des nouvelles technologies, Africa Web Summit, à Brazzaville.
De nombreux experts internationaux en nouvelles technologies étaient présents, ainsi que des membres du gouvernement. Vérone Mankou définit une « tablette tactile comme un mini-ordinateur dépourvu de clavier où tout se fait sur l’écran avec les doigts ». Selon lui, elle offre des opportunités intéressantes de collecte, de traitement, et de diffusion de l’information.
Une tablette accessible à tous
Une tablette qui a couté cher. Il aura fallu un investissement d’environ 85 millions de FCFA (130 000 euros) et 18 mois au jeune homme pour la concevoir. La création de son entreprise VMK en 2009 lui a permis de disposer de quelques fonds pour développer le projet. « la tablette sera commercialisée à partir du 17 octobre prochain dans sept pays africains, dont le Congo mais également la Belgique, pour un prix de 150 000 FCFA », a-t-il annoncé. Selon lui, « la particularité de sa tablette est qu’elle coûte quatre fois moins cher que celles qui sont sur le marché et elle est plus performante avec une autonomie de 10 heures de batterie ». Elle devrait, d’après le jeune ingénieur, notamment séduire les consommateurs car « elle est extensible avec de multiples fonctions et plus petite, vous pouvez la mettre dans votre poche ». Une initiative saluée par le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles technologies de la communication, Thierry Moungalla. Selon lui, « Vérone Mankou vient de prouver que la jeunesse africaine est capable de prouesse à condition de bien l’encadrer et l’accompagner ».
L’informatique une passion
Fils d’un ingénieur d’une société pétrolière, Vérone Mankou est titulaire d’un bac+2 en informatique. Le jeune homme s’est intéressé très tôt à l’informatique, notamment lorsque son père a laissé un ordinateur domestique à sa portée, à l’âge de sept ans. « Cela fait 18 ans que je suis dans le domaine. L’informatique est une passion que j’ai transformée en métier ». L’idée de concevoir cette tablette tactile à bas prix, lui est venue en 2006, à Pointe-Noire, la capitale économique du Congo, où il constate que l’accès à Internet est difficile et l’ordinateur coûte cher. Dans le but de concevoir une tablette qui soit accessible à tous, il décide alors de se former en achetant des livres sur l’informatique et en menant des recherches sur Internet.
Produite en Chine pour des raisons techniques
Toutefois, le jeune homme a dû faire face à de multiples questions concernant la véritable nationalité de sa tablette. Congolaise ou chinoise? « Conçue au Congo et assemblée en Chine », selon son créateur. Les plus sceptiques estiment que cette tablette est une copie de l’IPAD importée. Vérone Mankou a balayé ces points de vue, affirmant que « l’IPad est une tablette pensée par une entreprise américaine mais assemblée en chine. Or, on dit bien d’elle que c’est une tablette américaine, n’est-ce pas ? ». D’après lui, « rare sont ceux qui fabriquent eux-mêmes leur tablette, Apple & RIM y compris. La plupart du temps, on conçoit la tablette et on livre les plans à un assembleur qui s’occupe de fabriquer le produit fini ». Pour des raisons techniques, « il est impossible de fabriquer une tablette en Afrique, car nous ne disposons pas encore d’infrastructures pour le faire, explique-t-il. Tout comme 90% des tablettes sur le marché, la nôtre sera fabriquée en Chine, mais portera la mention designed in Congo ». Ce qui importe à Vérone Mankou c’est de réduire la fracture numérique qui sépare les pays africains des autres. Un objectif qu’il compte bien atteindre avec sa tablette tactile.