Plus le temps passe, c’est ainsi que les choses changent, et le domaine religieux n’est pas en reste. Car, autrefois, on comptait les maisons de culte (chapelles/temples) du bout des doigts, mais, au jour d’aujourd’hui, le nombre de ces maisons dites de « Dieu », qui poussent comme des « champignons » dans nos villes et villages, échappe même aux autorités, sensées le maîtrisé. Allez donc savoir pourquoi !
Les nouvelles églises sont majoritairement rejointes par des élèves/étudiants après de nombreux échecs aux examens officiels, des gens à la recherche d’un emploi et des malades qui n’arrivent pas à se faire soigner pour des raisons financières ou à cause des services sanitaires qui laissent à désirer. Les nouveaux leaders religieux promettent aux populations ce que l’État est incapable de leur fournir : le confort matériel c’est-à-dire un emploi et la santé. Ils leur promettent le miracle qu’elles attendent toutes depuis des décennies.
Les fidèles qui cherchent un coupable qu’il leur est possible de combattre ont un bouc émissaire tout prêt : le diable. Tout est diabolique, démoniaque. On est pauvre à cause du diable, et non à cause de la situation économique du pays. On échoue aux examens à cause du diable, et non parce qu’on n’étudie pas nos leçons ou que les notes sont trafiquées. On est au chômage à cause du diable, et non à cause de la crise de l’emploi ou de notre absence de compétences.
Le marché du divin est un marché fructueux. Même si certains prédicateurs camerounais sont de bonne foi, un grand nombre de leurs homologues suivent l’exemple des prédicateurs nigérians multimillionnaires tels que Chris Oyakhilome et T.B. Joshua.
Les églises de réveil prônent la réussite individuelle, la réussite financière. Les églises classiques parlent d’une vie de pauvreté ici-bas pour connaitre un paradis plein de richesses après la mort. Pour les églises réveillées, la pauvreté est un fait du diable. Dieu permet de trouver un travail et de gagner beaucoup d’argent. Cet enseignement justifie les richesses amassées par les prédicateurs, très souvent grâce à la naïveté des fidèles qui leur font des « offrandes ».
Certains messagers de Dieu sont des entrepreneurs religieux et ont réussi dans leur domaine : ils sont de véritables directeurs de société
Les églises de réveil prônent la réussite et l’épanouissement individuels, ainsi que le développement de la famille nucléaire. Elles encouragent la paix et l’harmonie au sein des couples et une bonne éducation des enfants, c’est-à-dire selon les principes de l’église. Les prédicateurs ne se limitent plus à la diffusion du message qui leur a été révélé. Ils sont des guides spirituels, mais également des conseillers matrimoniaux pour les parents et d’orientation pour les enfants. Ils s’immiscent dans la vie familiale et y occupent une grande place.
Pour Sa Majesté Oscar Dimoul, «l’individualisme n’existe pas dans les sociétés africaines, et nous croulons généralement sous le poids des demandes des différents membres de nos familles étendues, en particulier les demandes d’aide financière. Le refus est mal perçu. Nombre d’entre nous cherchent le moyen de ne plus se plier à ces obligations, et ces églises nous en donnent l’opportunité. Dans le contexte de crise actuel, la valorisation de la famille nucléaire est une porte ouverte vers la liberté financière».
«La prolifération des maisons de Dieu, observée dans nos villes et villages, serait une bonne chose dans notre pays, si et seulement si, toutes les prières élevées au ciel, pouvaient : faire taire les armes qui crépitent dans les zones en crise, mettre fin à l’impunité, aux divers mouvements de grève, aux flambées des prix des produits de tous genres, réduire le taux de chômage galopant, aux cas d’agression qui se multiplient, en passant par les détournements de fonds, etc. Au vu de cette aggravation des choses, peut-on dire que «Dieu» a tourné ou est en train de tourner le dos à mon beau et riche pays ?», a-t-il conclu.
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