Pourquoi les Dirigeants de tout un continent s’alignent-ils pour serrer la main du Président chinois?


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Photo de famille Sommet Chine Afrique

« Pourquoi les Dirigeants de tout un continent s’alignent-ils pour serrer la main du Président chinois? » Telle est la question troublante que formule dans sa Tribune l’intellectuel et homme politique sénégalais et américain Thione Niang, que nous tenions à publier ici, au lendemain du Sommet Chine-Afrique

Suis-je le seul à remarquer quelque chose de troublant dans le spectacle des présidents africains affluant au Sommet Chine-Afrique, au Sommet Turquie-Afrique, au Sommet États-Unis-Afrique, au Sommet Italie-Afrique, au Sommet Japon-Afrique, au Sommet France-Afrique ou à tout autre sommet en dehors de l’Afrique ? Cette semaine, une fois de plus, nous assistons à la file d’attente des dirigeants de tout un continent pour serrer la main du président d’un autre pays, à la recherche d’aide, d’investissements et de financements. Ce n’est pas de la diplomatie… C’est du désespoir, et c’est embarrassant.

Relativisons. Avez-vous déjà vu toute l’Europe se déplacer en masse en Afrique pour le sommet d’un seul pays ? Voyez-vous l’ensemble des États-Unis et du Canada se diriger vers un seul pays européen pour négocier les conditions ? Non. Ils n’en ont pas besoin parce qu’ils ont établi des relations solides et interdépendantes au sein de leurs régions. Ils ont la confiance et l’autonomie nécessaires pour investir l’un dans l’autre, pour grandir ensemble.

Pourquoi les dirigeants africains ne se réunissent-ils qu’en dehors du continent ? Pourquoi n’avons-nous pas un sommet Afrique-Afrique où nous aborderons des questions cruciales comme les investissements bilatéraux et la collaboration interne ? Imaginez un sommet où les pays africains travailleraient ensemble pour démanteler les barrières de visa, améliorer la connectivité aérienne avec les compagnies aériennes africaines et rationaliser le transport entre nos pays. Considérez les possibilités si nous nous concentrions sur l’augmentation de notre commerce intra-africain, qui s’élève actuellement à un maigre 16,6% contre 68,9 % pour l’Europe.

Nous devrions également accorder la priorité aux investissements dans l’agriculture, la science, la technologie et l’économie du savoir pour nos jeunes. Tout comme la Chine est passée d’une nation dans le besoin à une puissance économique mondiale, nous pouvons nous aussi réaliser une croissance remarquable en investissant en nous-mêmes. La Chine n’a pas parcouru le monde pour mendier de l’aide. Au lieu de cela, ils ont bâti leur économie avec un plan concret et l’autonomie. Nous devons faire de même : investir dans nos projets, encourager nos innovations et créer des opportunités pour nos jeunes. Il est temps d’arrêter de chercher une validation extérieure et de commencer à construire des murs d’opportunités et d’unité à l’intérieur de notre propre continent.

Il est temps de nous poser les questions difficiles. Pourquoi mendions-nous encore alors que nous pourrions construire ? Pourquoi faisons-nous la queue pour des poignées de main alors que nous pourrions être en train de nous serrer les bras ? Il est temps d’organiser un sommet Afrique-Afrique, où nous parlerons d’une véritable unité, d’un véritable investissement et d’un véritable changement.

Si nous continuons sur cette voie, nous serons à jamais à la merci de puissances extérieures, sans jamais vraiment prendre notre destin en main. Le monde nous regarde, et il est temps pour l’Afrique de se lever, non pas comme un ensemble de nations qui font la queue, mais comme une force unie, traçant notre propre voie, construisant notre propre avenir.

Arrêtez de mendier, commencez à construire, il est temps d’avoir notre propre sommet. 

Tribune publiée par Thione NIANG

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