L’Algérie a décidé de suspendre sa médiation dans la crise que traverse le Niger. Alger, qui avait proposé une médiation de six mois, s’est vu rabrouée par la junte au pouvoir à Niamey.
«Le Gouvernement algérien a décidé de surseoir à l’engagement des discussions préparatoires envisagées (au Niger) jusqu’à l’obtention des clarifications qu’il estime nécessaires». C’est ce qu’a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. Le communiqué repris par l’APS (Agence de presse officielle algérienne) précise cette décision concerne la mise en œuvre de la médiation à la crise.
Alger annonce des échanges
Une décision certainement en lien avec la posture des autorités nigériennes. En effet, le 2 octobre, Alger avait publié un communiqué aussitôt démenti par Niamey. «Le gouvernement algérien a reçu, par le canal du ministère nigérien des Affaires étrangères, une acceptation de la médiation algérienne visant à promouvoir une solution politique à la crise du Niger», avait indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères.
Dans la foulée, précisait le gouvernement algérien, le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait dépêché au Niger son chef de la diplomatie, Ahmed Attaf, «dans les plus brefs délais pour y entamer des discussions». Il était question pour l’Algérie d’entreprendre des échanges avec toutes les parties prenantes à la crise au Niger. Dès le lendemain, la junte au pouvoir au Niger a apporté un cinglant démenti.
Niamey dément les allégations d’Alger
«Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens de l’extérieur a été surpris de relever à travers les réseaux sociaux et certains médias, un communiqué du gouvernement algérien indiquant que le Niger aurait accepté la médiation de l’Algérie qui a proposé aux militaires une transition de six mois». C’est ce qu’ont indiqué les militaires au pouvoir à Niamey.
Et d’ajouter : «Au regard de ce qui précède, le gouvernement de la République du Niger rejette lesdites conclusions tout en réitérant sa volonté de préserver les liens d’amitié et de fraternité avec l’Algérie». Une sortie qui ne peut, en aucun cas, plaire aux autorités algériennes. Le Niger et l’Algérie «se sont engagés dans des échanges portant sur le programme et le contenu de cette visite», a indiqué Alger, soulignant que «ces échanges n’ont pas été concluants sur ces deux sujets».
L’Algérie s’en lave, provisoirement, les mains
Et Alger de déplorer : «des déclarations officielles et publiques d’autorités nigériennes ont suscité des interrogations légitimes quant à leur disposition réelle à donner suite à leur acceptation de la médiation algérienne», ajoute la diplomatie algérienne. Une sortie justifiant cette décision prise, ce jour, par le ministère algérien des Affaires étrangères. Dès les premiers instants du putsch, l’Algérie avait proposé sa médiation au Niger.
A l’époque, la menace d’une intervention militaire de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest était pressente. Alger, voulant éviter que la région s’embrase, tirait la sonnette d’alarme. Mieux, Abdelmadjid Tebboune dépêchait son chef de la diplomatie dans des pays clés de la CEDEAO. Il était question de convaincre de la menace que pourrait constituer une intervention militaire au Niger. C’est par la suite qu’Alger avait proposé une transition de six mois. Sauf qu’elle sera rejetée par Niamey.