Les quelque 10.000 Congolais naturalisés Belges se rendront aux urnes dimanche pour des élections législatives, décisives en Belgique, même si on n’a pas vu les ténors des partis politiques et notamment ceux du Mouvement réformateur-libéral (MR) se rendre dans la Galerie d’Ixelles, centre névralgique de Matonge, le quartier africain de Bruxelles.Le vote étant obligatoire dans ce pays, les Belges d’origine congolaise sont tenus, par la loi, comme tous les Belges, de remplir leur devoir de citoyen.
Lors de la campagne électorale pour les législatives précédentes, il y a 4 ans, on a vu Louis Michel, à l’époque président du MR, entouré d’autres candidats et militants de son parti, se rendre dans la Galerie d’Ixelles, prendre un véritable bain de foule, alors que les mamans congolaises dansaient en chantant: « Tata ayei, nzala esili » (Papa est là, on n’a plus faim !).
Le candidat libéral se livrait alors, pour la meute des photographes, à des séances de pose avec les mamans congolaises, vendeuses, coiffeuses ou simples clientes. Puis, il s’attablait dans un des nombreux bistrots de cette galerie avec des Congolais pour partager un verre, alors que les haut-parleurs débitaient sans limitation de décibels la rumba congolaise.
Depuis, le vent a complètement tourné. Louis Michel, devenu commissaire européen, ne jouit plus de la même popularité dans les milieux congolais, de même que son parti, le Mouvement réformateur (MR).
Les Congolais installés en Belgique reprochent à Louis Michel d’avoir trop manifestement montré son soutien à Joseph Kabila lors de l’élection présidentielle congolaise.
Le parti politique congolais, Union pour la démocratie et le Progrès social (UDPS), bien implanté en Belgique, mène ouvertement campagne contre lui, bien qu’il se présente comme l’ami du peuple congolais.
Excédé par cette campagne, qu’il considère comme injurieuse, menée notamment sur Internet, Louis Michel avait fini par déposer plainte au Tribunal de Nivelles.
Par ailleurs, les membres d’un groupuscule radical congolais, « Bana Congo », mènent ouvertement campagne contre le MR, appelant les Congolais devenus Belges à ne pas voter pour les candidats du parti libéral.
Mais le facteur ayant joué, le plus en défaveur du MR dans les milieux congolais, est que le climat a complètement changé dans la Galerie d’Ixelles depuis que la commune d’Ixelles est dirigée par un bourgmestre socialiste, qui a succédé à un bourgmestre libéral du MR.
Durant son mandat, le maire libéral envoyait les policiers mener des contrôles d’identité dans la Galerie d’Ixelles, mettant mal à l’aise les Congolais qui aiment tant la fête. A l’époque du bourgmestre MR, les policiers entraient dans les boutiques, cafés et salons de coiffure de Matonge pour procéder à des arrestations, souvent brutales.
Ces temps sont révolus. L’actuel édile socialiste de la commune d’Ixelles a mis fin à ces contrôles intempestifs. La Police, bien que présente dans Galerie d’Ixelles, est devenue plus tolérante.
Elle s’est « familiarisée » avec les exploitants. Les cas de violence sont devenus rares. Les Congolais se sont rendus compte de ce changement positif à leur égard, depuis l’arrivée à la commune d’Ixelles d’un bourgmestre socialiste.
Les scores étant très serrés entre les partis politiques belges, selon les sondages, l’électorat congolais, bien que mince, pourrait jouer le rôle d’arbitre du scrutin législatif de dimanche prochain en Belgique.
Selon les projections faites par une partie de la presse belge, on devrait s’attendre à l’arrivée au gouvernement d’une nouvelle coalition composée du Parti socialiste (PS), majoritaire en Wallonie, du Centre démocrate humaniste (CDH), parti d’obédience chrétienne qui ne cesse de monter dans les sondages et des Ecolos.
Les libéraux du Mouvement réformateur, exclus de la nouvelle coalition gouvernementale, seraient alors rejetés dans l’opposition, au moins pour 4 ans.