Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle française a déclaré que le président Bourguiba « avait interdit le voile en Algérie ». Une erreur historique qu’afrik.com propose de réparer en redonnant les informations importantes sur la vie du premier président de la Tunisie.
Habib Bourguiba a mené la Tunisie à l’Indépendance en 1956. Fondateur incontesté de la Tunisie moderne, il est resté au pouvoir pendant 30 ans, devenant petit à petit un autocrate autoritaire qui terminera sénile, ce qui justifiera la prise de pouvoir « médicale » de Ben Ali en 1987.
Sur la question du voile qui intéresse plus particulièrement Marine Le Pen, nous rappellerons seulement les propos de Bourguiba » Ce que j’ai fait pour la femme demeure la fierté de mon œuvre » , déclarait-il en 1972. La Tunisienne tient pendant son mandat une place inédite dans le monde arabo-musulman. Dès 1956, il promulgue l’avant-gardiste code du statut personnel qui interdit la polygamie et remplace la répudiation par une procédure de divorce judiciaire. Plus tard, il légalise la pilule contraceptive et l’avortement avant bon nombre de pays européens. Son interprétation de la religion, souple et moderniste, lui attire l’ire des milieux islamiques et conservateurs. Ces derniers réussiront d’ailleurs à maintenir le précepte coranique de l’héritage voulant que l’homme hérite du double de la femme. En signe de provocation, il va jusqu’à boire un jus d’orange en plein mois de ramadan, incitant le peuple à faire de même afin de mieux combattre le sous-développement.
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Malgré ses défauts, le caractère monarchique de son exercice solitaire du pouvoir et sa fin de vie diminué, il reste encore pour les Tunisiens l’homme de l’indépendance et le fondateur de la modernité tunisienne.
Tunis : Interview de Monsieur Habib Bourguiba par Marina GREY, le Président Habib BOURGUIBA : – sur la rupture des relations diplomatiques entre la Tunisie et l’Egypte. Il parle « d’un complot » destiné à assassiner le chef de l’Etat, il répond aussi à une question sur les relations diplomatiques entre la France et la Tunisie.