Le chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo a réitéré jeudi à Abidjan son refus de négocier avec ses opposants, même s’il se dit encore « prêt à discuter ». De son coté, la force française Licorne, basée en Côte d’Ivoire et forte de plus de 4.000 hommes, est prête à faire face à toute vélléité de reprise des hostilités.
« Je suis prêt à discuter, mais je ne suis plus prêt à négocier », a notamment déclaré le président Gbagbo, qui s’adressait à près d’un millier de « sorbonnards », de jeunes partisans regroupés au sein d’une structure informelle baptisée « La Sorbonne » et connue pour les débats d’idées très orientés qui y ont cours tous les jours et qui visent
surtout l’opposition civile et armée.
« Il faut appliquer les lois maintenant, car les négociations sont terminées », a martelé M. Gbagbo, qui est revenu sur les raisons de son refus de participer au sommet des Nations unies sur la Côte d’Ivoire du 20 septembre dernier à New York, tout en affirmant qu’il n’était « pas prêt à se déjuger et encore moins à reculer ».
Le chef de l’Etat ivoirien, qui dit attendre la venue du chef de l’Etat sud-africain Thabo Mbeki, le médiateur de l’Union africaine attendu lundi à Abidjan, pour voir comment les choses vont évoluer, a ironisé sur les résultats du sommet onusien.
Il a confié à ses interlocuteurs qu’il n’a point été surpris par l’absence de résultats à cette rencontre, car, a-t-il relevé, « une réunion informelle qui se déroule en l’absence du principal intéressé, c’est-à-dire le chef élu du pays, ne pouvait pas se solder par des décisions ».
On rappelle que le président Gbagbo a refusé de se rendre au sommet de New York, qu’il avait d’ailleurs qualifiée de « mascarade », pour protester contre l’attitude du Groupe de travail international (GTI) dont il avait dénoncé la « légèreté et l’impolitesse ».
La Licorne prête à faire face à la reprise des hostilités
« Nous sommes prêts à faire face à toute éventualité de reprise des hostilités. Et suffisamment prêts en renforts avec l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire pour dissuader tous ceux qui souhaitent s’aventurer sur cette voie », a déclaré le colonel Charles de Kersabie, porte-parole de la Licorne dans un entretien téléphonique avec un quotidien abidjanais.
Le colonel de Kersabie, qui dit « espèrer que l’on en arrivera pas là », se dit convaincu que la sortie de crise ne passera pas par une reprise des hostilités, mais qu’en tout état de cause, la force Licorne est suffisamment outillée pour s’opposer à toute aventure militaire risquant de plonger le pays dans le chaos.
Cette mise au point du porte-parole de la Licorne intervient dans un climat délétère, où les propos du chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo et du chef d’état-major des Forces de défense et de sécurité (FDS), le général Philippe Mangou, ont accru la tension régnant dans
le pays où, depuis, des rumeurs de reprise des hostilités circulent abondamment.