Lionel Kalina Menga est assurément un avocat atypique du barreau de Pointe Noire, prompt à se défaire de sa robe pour parler à cœur ouvert de la beauté des choses. Pêle-mêle, il déclare aimer l’art, la cuisine, la rumba, la communication et la technologie du XXIe siècle, le Barça et l’Olympique de Marseille, avec le droit et la justice en tête du cortège des nombreuses passions qui l’animent.
Né à Pointe Noire, en mai 1965, d’un père commissaire de police et d’une maman comptable, les rêves du petit Lionel sont peuplés d’une envie d’être un « gentil flic » comme son papa, véritable héros de son enfance. Mais, à l’âge de sept ans, le rêve prendra l’allure d’un cauchemar éveillé par la faute d’une terrible injustice frappant sa famille. Là, dans cette blessure à jamais ouverte, dans un chapitre de son enfance et dans une douleur qu’il tait par pudeur, nait la vocation d’avocat comme pour réparer un monde qu’il voit à l’envers. Et puis, plus tard, dans son adolescence, Lionel découvre la série TV américaine « Perry Mason » où l’acteur principal Raymond Burr joue le rôle d’un avocat de Los Angeles au cœur de nombreuses affaires judiciaires.
« Cette série TV a été l’un de ces autres éléments déclencheurs pour entamer mes études de droit. J’ai également été marqué par « La brute », un roman de Guy Des Cars où le héros s’appelle Maître Victor Deliot, un avocat qui mène sa propre contre-enquête dans une affaire criminelle. La jeunesse a parfois besoin de s’imprégner de certains modèles, qu’ils appartiennent à la télévision ou à la littérature ou qu’ils soient issus du cercle familial à l’image de mon père. Ce sont des déclics imperceptibles sur le moment, mais qui peuvent inspirer une trajectoire », raconte Lionel Kalina Menga.
Jamais eu froid aux yeux
La trajectoire sera une véritable ligne droite en forme d’ascension : Un diplôme d’études approfondies de Droit privé option science criminelle à l’Université de Marien Ngouabi à Brazzaville, puis l’Institut d’étude judiciaire en France à Clermont–Ferrand et, pour finir, le concours d’études d’avocat. N’en jetez plus, la cour est pleine et c’est en janvier 1996 qu’il prête, devant la Cour d’Appel du barreau de Grenoble, serment : « Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, probité et humanité ».
Quatre années plus tard, il crée son cabinet d’avocat rue Ampère, dans l’ancienne et célèbre chocolaterie française Cémoi datant de 1920 et réhabilitée à la fin des années 70 par la Métropole de Grenoble pour en faire un hôtel d’activités. Sans avoir froid aux yeux, le jeune avocat se distingue et assigne quelques « monuments » en justice, tels l’opérateur téléphonique France Télécom qui règne sur l’hexagone et dont il obtient la condamnation ou encore la garde des Sceaux du ministère de la Justice française.
Jamais à court d’idées novatrices
De son séjour à Dakar en 2005, où il est formateur en cyber-criminalité, donnant par ailleurs, à la demande d’Interpol, une conférence aux polices d’Afrique de l’Ouest, ce père de famille, fier de ses 2 enfants empruntant aujourd’hui une trajectoire similaire à la sienne, aura gardé le goût pour la cuisine sénégalaise : « La cuisine est l’une de mes passions, j’adore préparer chez moi l’attiéké ou le thiébou dieune par exemple. En revanche, pour la musique, je suis plutôt Rumba congolaise. Quant au football, j’aime à supporter le Barça et l’Olympique de Marseille. D’ailleurs, j’ai le souhait qu’un jour le barreau de Pointe Noire dispute le Mundiavocat qui est la Coupe du monde de football des avocats dont l’édition est cette année à Marrakech », précise t’il.
Il faut dire que Lionel Kalina Menga, inscrit au barreau de Pointe Noire depuis 2006 et secrétaire adjoint de l’ordre national du mérite, ne semble jamais à court d’idées novatrices, comme en témoignent ses propos : « Je suis un fervent utilisateur de la communication et des technologies de ce XXIe siècle, ce sont là des outils à même de restaurer l’image des avocats, parfois négative, dans l’opinion publique. J’aime également l’idée de rapprocher ma confrérie avec la population. Et, comme j’aime le cinéma, j’envisage la création d’un festival de films judiciaires », lâche ce cinéphile averti.Sa collection privée de masques, statuettes ou toiles en dit long sur son amour des jolies choses, et l’avocat de plaider avec ferveur : « L’amour de l’art m’est venu de mon oncle Faustin Kitsimba, un remarquable artiste-peintre, et je me réjouis d’avoir pu acquérir récemment l’une de ses œuvres. Il y a dans l’art cette chose indéfinissable et impérissable, une forme de contemplation permanente qui me relie, chaque jour, à l’existence ».
Réécrivant, en 2018, le code de procédure civile, mettant en ligne Coralex le portail documentaire de son cabinet, avocat aiguisé à tous les combats pour la justice et sensible à la beauté des choses, il n’ y aura pas à délibérer longuement pour probablement le condamner à devenir à son tour le modèle d’une jeune et nouvelle génération d’avocats.