Hassen Chalghoumi, l’imam de Drancy, favorable à une loi interdisant le port du voile intégrale en France, aurait été agressé dans sa mosquée par des intégristes musulmans. Il a décidé mardi de porter plainte. Cet incident intervient alors que la mission parlementaire s’est prononcée pour l’interdiction légale de la burqa et du niqab dans les services publics, les transports compris, et que les dissensions deviennent de plus en plus importantes entre les imams.
« Ma voix est celle de la majorité, je travaille pour l’avenir de nos enfants et de la République afin que l’islam y trouve sa place et que les musulmans y soient respectés », a déclaré, mardi, Hassen Chalghoumi. L’imam de Drancy, connu pour ses positions en faveur de l’interdiction du port du voile intégral, a déposé plainte mardi après l’irruption la veille d’islamistes qui l’ont menacé dans la mosquée où il officiait. Hassen Chalghoumi avait publiquement affirmé vendredi au Parisien que « la burqa n’avait pas sa place en France », et que le voile intégral « n’était pas une prescription religieuse mais une prison pour les femmes, un outil de domination sexiste et d’embrigadement islamiste ».
Cet incident de lundi soir pourrait avoir un rapport avec sa prise de position en faveur de l’interdiction du voile intégral. Même si pour l’heure, aucune information de la Brigade de Répression de la Délinquance contre la Personne (DRDP) de la police parisienne, en charge de l’enquête, n’a été divulguée. Les détails de cette irruption demeurent encore assez flous. Si l’un des conseillers de l’imam de Drancy a évoqué l’irruption d’ « un commando de 80 personnes, le visage non masqué », qui ont proféré des menaces de mort à l’encontre de Hassen Chalghoumi. De son côté, Jean-Christophe Lagarde, le député-maire de Drancy, s’est montré moins alarmiste. Et même s’il a jugé l’incident « inquiétant », il a néanmoins déclaré que seulement « quelques membres » de groupuscules intégristes étaient « venus essayer d’intimider à la fois l’imam et les pratiquants qui se trouvaient là et ils sont repartis ».
Rififi chez les imams
En attendant, cet incident révèle les dissensions qui persistent entre les imams à propos du port du voile intégral. La semaine dernière, l’imam salafiste de Marseille avait déclaré dans une interview accordée à l’Express vouloir que les femmes aient le choix de porter ou non le niqab. Une opinion qui n’est pas partagée par le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, qui réprouve le port du voile intégral mais s’oppose en revanche à une loi qui le bannirait de la voie publique.
Ces divergences d’opinion rappellent les guéguerres qui ont cours au sein de la classe politique après l’adoption mardi du rapport d’Eric Raoult (Union du mouvement populaire (UMP), droite au pouvoir) sur le port du voile intégral. La mission parlementaire qui vient de préconiser une loi interdisant le niqab et la burqa dans les services publics, transports compris, s’est heurtée à Jean-François Copé et une majorité des membres de l’UMP qui voulaient voir ce bout de tissu prohibé dans tout l’espace public.
Une grande partie de la Droite française a déploré une « demi-loi » et plaide – comme le président du parti communiste français de la mission, André Guérin, qui a lancé le débat en juin – pour une interdiction générale afin de faire cesser de cette pratique, « étendard d’un mouvement intégrisme, le salafisme ». Du côté du Parti socialiste (PS), le rapport est jugé insatisfaisant. «C’est une sorte d’arrêt condamnant la burqa», tranche, George Pau-Langevin, la députée socialiste du XXème arrondissement de Paris.