Plusieurs dizaines de détenus libérés au Sénégal : Macky Sall, quel gâchis !


Lecture 5 min.
Macky Sall, Président du Sénégal
Macky Sall, Président du Sénégal

C’est certainement sous la pression nationale et internationale que le Président Macky Sall a fait libérer plusieurs dizaines de détenus. Des libérations effectuées sur aucune base juridique, prouvant une nouvelle fois que Macky Sall continue de s’emmêler les pinceaux.

Pression nationale et internationale

Plusieurs opposants ont été libérés, hier jeudi 15 février 2024, au Sénégal. Une autre vague de détenus sont attendus pour être élargis de prison, ce vendredi. Sous la pression, surtout internationale, le chef de l’État sénégalais fait machine arrière. Après avoir reporté les élections, le Président revoit sa position, puisque le Conseil constitutionnel a osé annuler une décision présidentielle.

C’est un secret de polichinelle qu’aucune entité n’ose rouler dans une direction contraire à celle voulue par le Président fondateur, pour reprendre Mamane. Lequel Président du Gondwana a reporté l’élection présidentielle quand il l’a senti et a forcément instruit la conduite à tenir au Conseil constitutionnel quand il l’a aussi senti. Ou du moins, quand il a senti la pression augmenter sur sa personne.

Organiser des élections et les perdre ?

Au Sénégal, comme dans la plupart des pays africains, le Président est omnipotent. Il décide de tout, n’en déplaise à la population auprès de qui il avait quémandé les voix pour se faire élire, pour la première fois. Pour les scrutins qui vont suivre, on comprendra ce que disait l’autre : « on ne peut pas organiser des élections et les perdre ». Bref, Macky Sall continue de gouverner le Sénégal, comme il le sent, en fonction de ses intérêts.

Aujourd’hui, parce qu’il se sent bousculé de partout que le dirigeant a laissé (pour ne pas dire a instruit) les Sages aller dans le sens de l’apaisement, en annulant le report de la Présidentielle. Seulement, ces Sages ont été limités dans leurs actions. Car, selon l’Économiste Moubarak Lô, il appartenait à ce même Conseil constitutionnel de fixer la nouvelle date de l’élection présidentielle. Ce que l’institution n’a pas fait.

Président fondateur marque son passage

Les sages se sont donc limités à la tâche à eux fixée : annuler le report de l’élection point barre. Comme c’est le cas du département de la Justice qui a exécuté à la lettre la volonté du Président de libérer des détenus non encore jugés. Alors que le Président ne peut faire libérer un détenu qu’à travers une grâce. Celle-ci ne pouvant intervenir qu’après jugement rendu. Là encore, de toute évidence, le Président fondateur a marqué son passage.

En douze jours, Macky Sall a jeté à la poubelle tout ce qu’il a construit en 12 ans. Celui qui forçait le respect est désormais toisé, tancé et recadré par le premier venu, du fait de mauvais conseillers, répètent certains. Seulement, les Sénégalais n’avaient pas confié leur pays à ces fameux conseillers, mais à Macky Sall himself. Et voilà ce qu’il en a fait. Il en a bâti des choses, comme il en a démoli, certaines démolitions resteront à jamais.

Naufrage du bateau nommé « Sénégal »

Des ponts, des stades, des routes et plein d’autres infrastructures auront été réalisés par le Président Sall. Macky a revalorisé le salaire des fonctionnaires de l’État, œuvré pour une meilleure prise en charge, sanitaire, sociale et sécuritaire de ses concitoyens. Oui, il en a beaucoup fait, peut-être même beaucoup plus que ses prédécesseurs. Seulement, personne ne s’attendait à ce que Macky Sal entraîne le pays dans une telle direction. Un tel naufrage du bateau nommé « Sénégal ».

Ce Macky Sall qui a su convaincre les électeurs sénégalais de lui donner leurs voix, en 2012, avait finalement changé. Discipliné et aimable à la limite adorable, il était subitement devenu insolent pour ne pas dire hautain. Sinon, comment a-t-il osé enfreindre les règles élémentaires de la démocratie ? Macky Sall qui ne s’est pas gêné de balancer aux Sénégalais : « demandez-moi gentiment de ne pas briguer un autre mandat ». Ou qui a pensé offrir à un autre pays les vaccins anti-Covid achetés avec l’argent du contribuable sénégalais. Oui, pour un fils de paysan, Macky Sall avait perdu tous ses repères, pour ne pas dire la raison.

Quand le pouvoir rend fou

Aujourd’hui, on parle de gestes d’apaisement du Président Macky Sall. Mais que fait-on des vies perdues inutilement pendant son magistère ? Ces quantités astronomiques de larmes versées par les familles éplorées. Les peines et douleurs vécues par les personnes incarcérées et leurs familles. Du temps perdu en prison par ces centaines de détenus dits politiques. Macky Sall en est, hélas, arrivé à inonder les rues du Sénégal de larmes et de sang de ses compatriotes.

Seulement, qu’il le veuille ou non, Macky Sall partira. Mais en ayant dans sa conscience qu’il a dégradé la démocratie d’un pays nommé le Sénégal. Une démocratie bâtie par ses prédécesseurs qui ont eu l’élégance de léguer le pouvoir sans violence aucune. Lui, Macky Sall, s’en ira, les mains toutes tachetées de sang, les habits trempés de larmes. Avec les clés des prisons en main. Car il en aura emprisonné des Sénégalais, à sa guise. Autant il vient d’en libérer. A sa guise. Comme si le Sénégal lui appartenait. Mais comme disait l’autre : « le pouvoir rend fou ».

Avatar photo
Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News