L’Agence universitaire de la Francophone (AUF) propose depuis la fin du premier trimestre 2004 un site dédié à la formation à distance. Des tarifs préférentiels et un cursus pédagogique centré sur les nouvelles technologies constituent la contribution de l’agence à l’amélioration du contenu éducatif en Afrique.
Pierre-Jean Loiret est l’administrateur délégué du programme « TIC et appropriation des savoirs » à l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Il revient sur les enjeux du nouveau dispositif mis en place par l’agence dans le cadre de la formation à distance. Un dispositif qui s’adresse prioritairement aux étudiants africains.
Afrik.com : Pourquoi l’AUF consacre-t-il aujourd’hui un site à la formation à distance (Fad)?
Pierre-Jean Loiret : L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) est depuis très longtemps fortement impliquée dans les nouvelles technologies. Nous faisons de la formation à distance depuis 1992 même si à l’époque, c’était des cassettes vidéo. Il est évident que nous nous sommes adaptés depuis. Nous voulions avant tout proposer un dispositif réaliste et opérationnel sur place. Il fallait des infrastructures : l’AUF dispose, en Afrique, de 18 campus numériques et de centres d’accès à l’information (campus numériques junior, ndlr). Il fallait également mettre en place un réseau d’enseignants du Sud capable de déployer les formations proposées. L’Internet requiert, en effet, de nouvelles pratiques pédagogiques. Aussi une centaine d’enseignants africains ont été formés, à Strasbourg, à l’Université Louis Pasteur au Master Uticef (utilisation des nouvelles technologies pour l’enseignement et la formation) dont la moitié des enseignants, est originaire du Sud, et par le biais d’ateliers de formation. Il a fallu enfin sensibiliser les autorités académiques. En somme, nous avons attendu de réunir les conditions pédagogiques et techniques nécessaires à la mise en place de ce projet.
Afrik.com : Combien de formations sont proposées par l’AUF dans le cadre de l’enseignement à distance ?
Pierre-Jean Loiret : Vingt-quatre dont huit destinées à des zones particulières. Ces formations sont également suivies par d’autres étudiants notamment français. Les Africains qui sont inscrits ont ainsi la possibilité de travailler et de communiquer avec leurs homologues venus d’horizons différents.
Afrik.com : Ces formations dans leur grande majorité sont axées sur les nouvelles technologies …
Pierre-Jean Loiret : Ceci relève de la volonté de nos universités membres. Ce sont des formations qui, en général, n’existent pas en Afrique. Notre objectif est de permettre aux étudiants de se former sur place. L’AUF propose également des cursus dans les domaines du droit, de l’économie et de la santé. Ce sont encore là des secteurs où des besoins se font sentir.
Afrik.com : L’AUF a également pris la précaution de rendre ses formations plus accessibles, en termes de coût, aux étudiants africains à travers des bourses et des tarifs préférentiels. Sur quels critères sont attribués les bourses ?
Pierre-Jean Loiret : Les étudiants sont sélectionnés à la suite d’un appel à candidature. Chaque formation dispose d’un collège pédagogique. Les bourses sont attribuées aux meilleurs. Notre formation la plus chère, le Miage (Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprrises, ndlr), coûte 6 000 euros et la moins chère 160 euros. Avec une bourse de l’AUF ou d’un autre organisme, le Miage revient à 1 000 euros. Le coût de toutes ses formations est bien évidemment inférieur à leur coût réel. Dans tous les cas pour les étudiants africains, nos tarifs sont systématiquement réduits de 30 à 60%. Cela est possible, en France, parce nous sommes dans une logique de service public et que l’Etat a déjà financé la formation.
Afrik.com : Quel bilan pouvez-vous faire de la Fad en Afrique ?
Pierre-Jean Loiret :Nous avons constaté que 50% des étudiants de l’Ecole nationale de la Magistrature de Yaoundé (Cameroun, ndlr) avaient suivi notre formation en droits fondamentaux qui existe depuis huit ans. Néanmoins, la formation à distance n’en est qu’à son démarrage en Afrique. Les problèmes liés à l’accès au réseau sont de plus en plus surmontables, ce qui offre de bonnes perspectives au développement de l’enseignement à distance.
Afrik.com : Quelles sont vos ambitions pour le continent ?
Pierre-Jean Loiret : Notre objectif est de mettre en place un système de formation Sud-Sud. Ce qui compte, c’est de créer une offre locale qui repose sur une analyse concrète des besoins. Nous signons une convention de transfert avec toutes les universités membres du Sud pour qu’à terme ces formations soient totalement prises en charge par ces dernières. Celles du Nord s’engagent, quant à elles, à fournir du contenu et à former des formateurs.