Les juridictions populaires, les « Gacaca » ont jugé quelque 1.059.298 dossiers génocidaires impliquant 9.362 accusés dont 413 classés dans la première catégorie des principaux planificateurs du génocide, a-t-on appris mercredi de source judiciaire à Kigali.
Selon un rapport transmis mardi à la PANA par le Service national des juridictions « Gacaca » (SNJG), la région sud du pays est celle qui compte un plus grand nombre d’accusés génocidaires dont l’effectif est estimé à 4.357 suspects, tandis que la province nord revient à la dernière place de cette catégorie avec 274 personnes présumées génocidaires.
Dans ce rapport, le SNJG déplore par ailleurs l’idéologie génocidaire qui persiste dans le pays condamnant ainsi l’intimidation et le « terrorisme » à l’encontre des rescapés du génocide et des témoins, sans toutefois préciser le nombre de victimes tuées dans ces circonstances.
Par ailleurs, le nombre de superviseurs du génocide poursuivis par les « Gacaca » est estimé à quelque 1.797 personnes présumées, alors que l’effectif des incitateurs au génocide est de 2.408 personnes, la province du sud occupant toujours la première place dans cette catégorie, selon la même source.
« Les procès de quelque 8.636 présumés génocidaires de première catégorie devront débuter devant les « Gacaca » d’ici le début du mois de juillet prochain », a précisé à la presse Domitille Mukantaganza, secrétaire exécutive du SNJG, une instance nationale qui coordonne le fonctionnement de ces juridictions populaires au Rwanda.
Dans cette catégorie, l’effectif de suspects qui viendront des juridictions ordinaires et militaires est de 1.242, a renchéri Mukantaganzwa.
Depuis leur création en juin 2002, le nombre de personnes catégorisées est de 59.171 dont 366.426 ont été mis dans la deuxième catégorie qui concerne les personnes accusées d’avoir tué ou blessé, avec intention de donner la mort.
Dans le même registre, l’effectif de 8.636 présumés génocidaires de première catégorie sont poursuivies pour avoir organisé, préparé, inciter les gens, commis les actes de viol, tortures sexuelles et planifié ce génocide qui a fait plus de 800.000 victimes essentiellement parmi la communauté tutsie, selon l’ONU. Enfin, la troisième catégorie concerne les personnes qui sont accusées d’avoir seulement pillé ou détruit les biens des victimes, selon toujours le même document sur les « Gacaca » transmis à la PANA à Kigali.
Les tribunaux populaires rwandais, inspirés des anciennes assemblées au cours desquelles les sages du village réglaient des différends, assis sur le gazon (‘Gacaca’, en langue nationale kinyarwanda), sont à mi-chemin entre la justice traditionnelle et la justice conventionnelle.