Jeudi matin, l’armée soudanaise a bombardé la ville de Tine, située sur la frontière soudano-tchadienne et repris la partie de la ville jusqu’alors occupée par les rebelles. Durant cette attaque, la partie tchadienne de la localité a été attaquée et des milliers de réfugiés ont fui côté tchadien.
Tine sous les bombes. Cette localité, située à cheval sur la frontière soudano-tchadienne, est traversée par une rivière asséchée d’environ 200 mètres de large qui marque cette frontière entre les deux pays. La ville est donc coupée en deux et jeudi matin à 7 heures (GMT), la partie tchadienne a été bombardée par l’aviation soudanaise. Selon l’organisation Médecins sans Frontières, cette attaque aurait fait au moins deux morts et plus de quinze blessés (tous des civils tchadiens).
L’armée soudanaise a également, selon diverses sources concordantes, pris le contrôle de la partie soudanaise, jusqu’alors aux mains des rebelles. Vers 14h (GMT), les soldats sont entrés sans combattre dans Tine-Soudan, vidée de ses habitants car la ville est régulièrement bombardée depuis plusieurs semaines par l’aviation de Khartoum.
100 000 réfugiés
Suite aux bombardements de jeudi, qui, pour la première fois, ont touché la partie tchadienne de la ville, quelque 18 000 personnes ont fui dans le désert, à la frontière avec le Tchad. L’attaque a semé la panique parmi les réfugiés rassemblés à Tine et le Haut Commissariat aux Réfugiés, qui avait commencé mercredi le recensement de milliers de Soudanais à Tine-Tchad, a dû interrompre ses opérations pour raisons de sécurité. De nombreux réfugiés ont fui vers l’intérieur du territoire tchadien, s’éloignant de la frontière soudanaise. Selon Médecins sans Frontières, il y aurait à présent plus de 100 000 réfugiés au Tchad qui ont besoin d’eau, de nourriture et d’abris en urgence. Pour le seul mois de décembre, 30 000 Soudanais originaires du Darfour (région de l’ouest) ont été contraints à l’exode.
C’est en février 2003 que s’est déclarée dans le Darfour la guerre entre plusieurs groupes rebelles et les forces gouvernementales soudanaises. Tine, au cœur de ce conflit, en fait les frais. D’autant plus que les combats dans la région se sont intensifiés depuis l’échec des négociations le 16 décembre 2003, au Tchad, pays médiateur. Les rebelles réclament toujours le développement du Darfour, région qu’ils estiment « marginalisée ». Ils refusent également de participer aux négociations entre le gouvernement soudanais et l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) qui ont débouché, le 7 janvier dernier, sur un accord de partage des richesses pétrolières, les plaçant définitivement sur la voie de la paix.