C’est Christine Boutin, la ministre du Logement, qui a inauguré ce mardi la journée « Espoir banlieue » à Vaulx-en-Velin, dans le Rhône. Elle a court-circuité sa secrétaire d’Etat à la ville Fadela Amara, à l’initiative de ce déplacement, en faisant ses propres propositions.
« Petites trahisons entre amies ». Voilà comment aurait pu s’appeler la journée « Espoir banlieue » inaugurée ce mardi par Christine Boutin au centre culturel de Vaulx-en-Velin, ville symbole des émeutes urbaines de 1990, située dans le Rhône. La ministre française du Logement a court-circuité sa secrétaire d’Etat à la ville, Fadela Amara, à l’initiative du plan banlieue, en faisant ses propres propositions. Christine Boutin avait déjà marqué ses distances avec la politique de sa secrétaire d’Etat à la ville en déclarant, lundi dernier, au quotidien La Croix que « ce n’est pas d’un énième plan [dont] ont besoin les quartiers difficiles, mais d’une dynamique globale ».
Au programme de cette journée « Espoir banlieue », la mise en place de fonds d’Etat gérés localement, au plus près du terrain. « Afin de simplifier les procédures et de marquer la confiance retrouvée, pourquoi ne pas envisager, sur la base d’un contrat d’objectifs avec l’Etat sur trois ans, de verser globalement les subventions de l’Etat aux communes, laissant aux maires le soin de décider de leur affection », a déclaré Christine Boutin, à la tribune, devant de nombreux militants réunis pour l’occasion.
« Plus de 45 000 emplois en trois ans »
Si la ministre du Logement a fondé son plan d’action sur les communes, Fadela Amara s’est axée, quant à elle, sur les quartiers. Après le discours de Mme Boutin, la secrétaire d’Etat de la ville a pris la parole. Dans son allocution, elle a annoncé vouloir mettre en place « des dispositifs pour créer plus de 45 000 emplois en trois ans » dans les banlieues afin d’y « réduire dans le même temps de 40% le chômage des jeunes ».
Mme Amara, dont les premières propositions seront présentées le 8 février par le Président de la République, a proposé de travailler sur deux niveaux de territoires. « Au premier niveau, les quartiers les plus difficiles, une centaine environ qui nécessitent réparation et suivi. C’est là qu’il faut concentrer nos moyens », a-t-elle expliqué en soulignant qu’elle « ne voulait plus de territoires perdus pour la République ». Elle a annoncé qu’à « un second niveau, il faudra faire de la prévention » sur « les quartiers qui rencontrent des fragilités ».
Fadela Amara en ligne de mire
D’autre part, Fadela Amara s’est dite favorable à un renforcement du rôle du maire comme sa ministre de tutelle. « Je pense très sérieusement qu’il faut que le binôme maire-préfet soit renforcé et qu’on donne un peu plus de responsabilité au maire, c’est le meilleur acteur de proximité », a souligné la secrétaire d’Etat à la ville. Elle a aussi souhaité « sécuriser financièrement » dans le cadre de « conventions pluriannuelles » les associations locales, dont les pratiques ont prouvé qu’elles « marchaient bien ». « En échange », ces associations, « qui tricotent le lien social » devront atteindre « des objectifs précis qui défendent la politique de la France.
Malgré des déclarations pleines de promesses, la secrétaire d’Etat de la ville devra convaincre la population. Deux cents personnes ont manifesté, mardi à la mi-journée, devant le centre culturel de Vaulx-en-Velin. « Fadela pas de bla-bla, du concret, des emplois, des moyens pour nos écoles » ou encore « Fadela manipulée par l’Etat », scandaient les manifestants, massés derrière les barrières de sécurité. Ce rassemblement avait été organisé à l’appel du PCF, de la CGT et d’associations de Vaulx-en-Velin d’aide aux sans-papiers et aux précaires privés d’emplois.