Le parquet de Paris a annoncé, mercredi, qu’il s’opposera à l’ouverture d’une information judiciaire sur les biens immobiliers d’Omar Bongo, de Denis Sassou Nguesso et de Obiang Nguema en France. Les trois chefs d’Etat africains étaient visés par une plainte de deux associations et d’un ressortissant gabonais. Le porte-parole du gouvernement congolais a salué, ce jeudi, la décision de la justice française.
Les présidents Omar Bongo Ondimba (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo Brazzaville) et Théodore Obiang Nguema (Guinée équatoriale) pourraient échapper à la justice française. Le parquet de Paris vient d’annoncer qu’il s’opposera à l’ouverture d’une information judiciaire suite aux accusations de deux associations et d’un ressortissant gabonais dont ils font l’objet. Cette décision du ministère public survient au lendemain de la tournée qui a mené le président dans trois pays africains parmi lesquels le Congo Brazzaville. Le président français y avait alors plaidé pour une nouvelle relation France-Afrique…
« Pour nous, c’est une décision de bon sens », a déclaré ce jeudi, Alain Akouala Atipault, également ministre de la Communication et porte parole du gouvernement congolais, saluant ainsi la décision du parquet de Paris. Il s’agit d’un dossier « vide », a-t-il ajouté.
Immunité des chefs d’Etat en exercice
En décembre dernier, Transparency International France, Sherpa et Grégory Gbwa Mintsa, un ressortissant gabonnais, (celui-ci a été arrêté et emprisonné dans son pays en janvier) ont déposé une plainte contre X, visant ces trois chefs d’Etat, pour « recel de détournement de fonds publics », « blanchiment », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ». Selon le parquet de Paris, les plaignants n’ont aucune qualité pour agir en France. Il affirme aussi que les faits dénoncés sont anciens et ne révèlent aucune trace d’infractions. Le bureau du procureur de la République a surtout indiqué que les chefs d’Etats en exercice jouissent, en droit international, d’une immunité pénale.
C’est donc cette réquisition que les services du procureur de la République adresseront à la juge d’instruction Françoise Desset, à qui revient la décision finale. Mme Desset décidera-t-elle d’ouvrir, malgré tout, une information judiciaire, au risque de créer un incident diplomatique entre l’Hexagone et ses principaux alliés sur le continent ? Pour l’heure, aucune date n’a été indiquée pour le dépôt de ce réquisitoire. Le procureur de la République avait déjà classé sans suite, en 2007, une plainte déposée par les mêmes associations.
Transparency International France et Sherpa fondent leurs plaintes sur une enquête de police qui avait révélé en 2007 qu’Omar Bongo et ses proches possèdent en France, 39 biens immobiliers, 70 comptes bancaires et neuf voitures de luxe. Son homologue et beau-père, Denis Sassou Nguesso et ses enfants détiendraient, pour leur part, 24 propriétés et 112 comptes bancaires dans l’Hexagone. L’enquête avait également montré que le fils du président équato-guinéen avait, quant à lui, acheté une quinzaine de véhicules pour un montant de près de 5 700 000 euros.
Alors que cette affaire s’oriente vers un non lieu en France, à Monaco elle vient de faire l’objet d’une enquête ordonnée mardi par la justice de la principauté, suite à un courrier de Sherpa adressé au prince Albert II. L’Ong pense qu’une partie de l’argent ayant servi à l’acquisition de tous ces biens a été déposée sur des comptes bancaires ouverts à Monaco au nom d’Edith Lucie Bongo. Sherpa pense que la défunte première dame du Gabon aurait servi de « prête-nom » à son époux et à son père, Denis Sassou Nguesso.
Si les deux chefs d’Etats emblématiques de la Françafrique semblent intouchables dans l’Hexagone, le seront-ils aussi à Monaco? Affaire à suivre…
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