Le groupe TPS a « renforcé ses mesures anti-piratage il y a quelques semaines », mais assure que cela n’a rien à voir avec l’approche du Mondial de football qui se tiendra du 9 juin au 9 juillet en Allemagne. Une chose est sûre, le nouveau système ne va pas faciliter la tâche des pirates.
TPS de plus en plus prolifique contre le piratage. La société a lancé, il y a « quelques semaines », un nouveau mode de cryptage. Selon le journal Marocain L’Economiste, la chaîne change ses codes toutes les heures, alors que le site Zataz rapporte que les clefs sont modifiées toutes les 30 minutes depuis le lundi 22 mai. Une offensive qui, suggèrent les deux média, serait peut-être liée à l’approche du Mondial de football, qui doit se tenir du 9 juin au 9 juillet en Allemagne.
Mesures non liées au Mondial
A TPS, on assure que la Coupe du monde de football n’a rien à voir avec le renforcement du cryptage. « Nous avons renforcé nos mesures il y a quelques semaines. Mais cela n’a rien à voir avec le Mondial, même s’il risque d’y avoir plus de tentatives de piratage lors de cette manifestation, commente une responsable du service presse. Il y a eu une conjonction de plusieurs actions judiciaires (démantèlement de réseaux) et d’opérations techniques qui ont donné le sentiment que nous nous étions activés en prévision du Mondial, mais cela n’a rien à voir. Depuis 2000 et 2001, où le piratage s’est intensifié, nous avons toujours lutté contre cette pratique en changeant souvent nos mesures anti-piratage. Mais on ne communique pas trop sur nos méthodes parce que cela fait une sorte de publicité au piratage et peut donner des indications sur comment déjouer le changement de signal et de codes. »
Quant est-il de ces codes qui changeraient toutes les demi heures ou chaque heure ? « Je n’en ai pas entendu parler, mais cela me semble bizarre. En revanche, nous avons remplacé la carte PC2 4 des terminaux par la PC2 6, appelée Buda Card. C’est une carte dernière génération qui réduit les risques de ‘crackage’. Nous avons eu pas mal de bonnes remontées de gens disant que c’était efficace. Des Nord-Africains nous ont même appelés pour dire qu’ils perdaient leur chaîne, mais en fait leur problème était juste qu’ils n’avaient pas la bonne carte pour recevoir nos programmes », poursuit la responsable du groupe.
Les hackers dans tous leurs états
Le Maroc a la réputation d’avoir des hackers redoutables. Cette carte signera-t-elle leur retraite ? « Nos cryptages sont de plus en plus incontournables, mais pas infaillibles. Par ailleurs, nos mesures dissuasives concernent surtout les Français, car c’est seulement en France métropolitaine que nous commercialisons nos produits », rappelle notre source à TPS. Pour bénéficier des programmes TPS, chose possible parce qu’ils sont diffusés par le satellite Hot Bird, dont le rayonnement va au-delà de la France, il faut donc que les Maghrébins aient un contrat d’abonné en France ou un terminal qu’ils piratent, puisque les cartes ne sont pas sensées être vendues en Afrique du Nord.
En tout cas, selon L’Economiste, « les ‘spécialistes’ du décodage sont toujours désarmés ». Mais il reste quasiment certain qu’il y aura parmi eux des téméraires prêts à tout pour faire sauter les codes. D’ailleurs en Algérie, un autre pays « calé » en matière de piratage, on croit en ses ressources de crackers. « En principe, si les pirates se sont débrouillés jusqu’alors, il n’y a pas de raison pour qu’ils n’y arrivent pas cette fois-ci. Surtout avec tous les progrès techniques qu’il y a. Ils pourront trouver la solution, à mois qu’il n’y ait un double ou un triple cryptage, comme Canal+ a fait il y a deux ans : depuis, personne n’est venu à bout du code », commente Mohamed Mahdjoub, recruteur à l’Institut supérieur algérien des technologies nouvelles.
Un jeune hacker algérien indique pour sa part : « Je suis à l’heure actuelle en train de développer un logiciel qui règle définitivement ce problème de changement de codes irréguliers ». De toutes les façons, aucun système de cryptage, aussi sophistiqué soit-il, n’a jamais tenu plus de deux ans. Nombreux sont les hackers qui prennent cela comme un défi, qu’ils mettront toute leur énergie à relever. Un hobby pour les uns, un cauchemard pour TPS.