L’Algérie n’échappe pas au phénomène du piratage de logiciels informatiques, véritable industrie parallèle. Et pour cause : les logiciels coûtent souvent plus cher que la machine elle-même… Largement répandue chez les particuliers, l’utilisation de programmes informatiques piratés se retrouve aussi au sein des entreprises, publiques et privées. Pour lutter contre cet état de fait, un séminaire sur la protection des programmes d’ordinateurs doit être organisé à Alger, les 11 et 12 mai prochains.
Par Mohamed Mehdi
Le piratage des logiciels est une industrie. Avec un taux de piratage de 40%, elle cause plus de 11 milliards de dollars de pertes par an aux éditeurs de programmes informatiques. L’Algérie n’échappe pas à ce phénomène. Le pays se doit, comme il se prépare à adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de lutter contre. Ce ne sera pas chose facile quand ont sait que le prix de chacun des principaux logiciels nécessaires au fonctionnement d’un PC dépasse celui de l’ordinateur !
Si aucune statistique officielle n’est disponible en Algérie sur l’ampleur du piratage des logiciels (estimation non officielle à environ 90%), il est néanmoins quasi certain qu’une part importante des PC du parc informatique national fonctionne avec des programmes informatiques copiés. La copie des logiciels est omniprésente. L’enjeu est important quand on sait qu’il existe en Algérie plus d’un million d’ordinateurs personnels. L’éradication du piratage passe inévitablement par une politique des prix plus appropriée aux revenus des utilisateurs.
Copies sur CD-R
Il n’existe pas de copies serviles en Algérie (copies presque parfaites incluant également la documentation et l’emballage), mais uniquement des copies sur CD-R. Si le nombre de revendeurs a sensiblement diminué par rapport au boom de la fin des années 90, le taux de piratage ne semble pas avoir baissé, même depuis l’installation de Microsoft en Algérie.
On peut aisément supposer que l’utilisation des copies de logiciels Microsoft Windows touche l’ensemble des utilisateurs individuels. Cela va des systèmes d’exploitation aux logiciels de traitement d’image et de design graphique (Adobe), en passant par les logiciels de traitement de texte, tableurs et autres.
Le problème des copies illégales des systèmes d’exploitation touche uniquement les PC car, le plus souvent, les revendeurs d’ordinateurs (des clones en général) ne proposent que rarement une licence d’exploitation de MS Windows. La question ne se pose pas pour les ordinateurs d’Apple, car chaque Macintosh est livré avec son CD original du logiciel système Mac OS.
Contrôler les entreprises
Pour les particuliers, le prix des logiciels est une véritable entrave à la généralisation du logiciel original. Lorsque le logiciel système coûte autant, sinon plus cher, que la machine elle-même, le choix est vite fait. De même qu’il n’y a pas photo entre 100 ou 120 dinars (prix des CD piratés) et l’équivalent de 200 euros à débourser pour l’achat d’une version du logiciel MS Windows.
Par contre, l’utilisation de programmes informatiques piratés au sein des entreprises, publiques et privées, pose un véritable problème. Et irrite les responsables de Microsoft Algérie qui essayent, depuis leur installation en 2001, de sensibiliser ces secteurs à l’utilisation des copies légales de ses logiciels. Plusieurs séminaires et rencontres ont été organisés à cet effet, et des programmes d’aides ont été signés avec les secteurs de l’Education et de la Formation professionnelle.
Pour le moment, il semble que la démarche de lutte contre le piratage n’ait pas encore évolué vers la répression. L’Office national des droits d’auteurs et droits voisins (Onda) est en droit de contrôler au sein des entreprises la légalité des logiciels utilisés. Cet organisme public, chargé de veiller au respect de la propriété intellectuelle, a appelé récemment, par voie de communiqués de presse, les entreprises publiques, les ministères, les administrations, les sociétés privées ainsi que les particuliers à se doter de copies légales des programmes informatiques qu’ils utilisent.
L’Onda compte d’ailleurs organiser à Alger, les 11 et 12 mai 2004, un séminaire sur la protection des programmes d’ordinateurs. Cette manifestation sera organisée en collaboration avec l’Agence de protection des programmes d’ordinateurs (APP) et le Business Software Alliance (BSA), un organisme qui travaille en partenariat avec la firme Microsoft.
De notre partenaire Le Quotidien d’Oran