Pierre-Jacques Chalupa : le candidat « blanc » des législatives congolaises


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Pierre-Jacques Chalupa n’est pas un candidat comme les autres. Il sera le seul Congolais « blanc » à se présenter aux législatives qui se tiendront le 30 juillet prochain en République démocratique du Congo. Ce candidat indépendant vise le siège de député de la circonscription de Lukunga, une des quatre de la ville de Kinshasa.

Louise Simondet

« Chalupa, tu es Congolais mais ta peau est blanche. Nous, on te choisit Tonton Jacques », entonne une chanson en l’honneur de Pierre-Jacques Chalupa. Qui est cet illustre inconnu ? Il s’agit d’un des 9 707 candidats aux élections législatives du 30 juillet prochain en République démocratique du Congo (RDC). Etiqueté indépendant comme la plupart des neuf cents qui briguent le siège de député de la circonscription de Lukunga, il se considère avant tout « centriste ». A coup de meetings et de publicité, il s’est fait un nom à Kinshasa. Les habitants de la capitale ont bien gravé dans leur tête le visage de cet homme qui a recouvert la ville d’affiches à son effigie.

Petites lunettes et cheveux blancs, Pierre-Jacques Chalupa a été surnommé par la presse congolaise : « le Jospin congolais ». L’homme d’affaires est passé maître dans l’art de la communication. Directeur d’une entreprise d’enseignes publicitaires, sa société Plexi-Light a participé à la campagne de Joseph Kabila. « Je n’ai aucun lien avec lui. C’est un client comme un autre. J’ai juste élaboré l’affiche de sa campagne », confie-t-il. Rôdé dans le milieu du marketing publicitaire, le Congolais s’est lancé, tête baissée, dans la bataille des législatives. Et quand on lui demande depuis quand il envisage de se présenter, il répond posément : « Ma campagne ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait trente ans que je suis en campagne ».

Un Congolais « blanc »

Alors que la « congolité » du Président Joseph Kabila fait polémique, sa couleur de peau n’a pas l’air de déchaîner les foules. Atout ou handicap ? « Je suis arrivé à un moment où les Congolais n’ont plus confiance en leurs frères », souligne à l’AFP M. Chalupa. Et Robert Kisimba, directeur adjoint de sa campagne d’expliquer à l’agence de presse : « Maintenant, nous voulons tester une autre couleur de peau ». Une couleur de peau qui suscite la curiosité, d’où cet engouement pour le personnage. « Ce n’est pas courant, un Blanc qui se présente à des élections en RDC et qui plus est, s’affiche Congolais », note Polydor Muboyayi, directeur du journal congolais Le Phare.

Marié à une Congolaise (noire), le candidat n’a que faire des spéculations sur ses origines. Pour lui, il est tout simplement Congolais. Le petit Pierre-Jacques est né à Uvira, au Sud-Kivu, d’une mère grecque et d’un père d’origine portugaise et a vécu toute son enfance à Kinshasa. Il passera ensuite quelques années à Bruxelles où il fera des études d’architecture, mais on ne résiste pas à l’appel de l’Afrique. De retour à Kinshasa, il se tourne vers la publicité et est naturalisé Congolais en 1999. « Quand on a vécu toute sa vie dans un pays, quand on a fait sa vie dans ce pays, on se sent cent pour cent Congolais », constate le sieur Chapula. « Il a obtenu sa nationalité de manière légale. Ce doit être l’une des raisons qui font que la population ne se préoccupe pas de sa nationalité. Il n’y a aucune animosité à son égard. », confie Polydor Muboyayi. « C’est un vrai Congolais », assure un de ses militants à l’AFP. Populaire, Chalupa l’est si l’on s’en tient aux sondages. Il a récolté 13% d’intentions de vote sur 1,7 millions d’électeurs, ce qui le place favori dans sa circonscription de Lukunga.

Un homme ambitieux

Pour espérer prendre place dans l’hémicycle, M. Chalupa veut mettre tous les atouts de son côté. Il compte séduire les habitants avec un programme de campagne qui repose sur trois axes. « Mon programme se porte sur la stabilisation des prix, avec une hausse du pouvoir d’achat, le développement du tourisme et contrairement à Nicolas Sarkozy, une immigration sélective et adaptée pour les étrangers qui souhaitent ouvrir des commerces dans la capitale. Je souhaite aussi modifier la Constitution. Les textes de lois, par exemple sur l’immigration ne sont plus appropriés. Le travail est conséquent car il y a d’énormes problèmes au niveau de la gestion de l’Etat. Il faut tout refaire et tout réorganiser », explique Pierre-Jacques Chalupa ». « J’espère que ce ne sont pas que des paroles. Tous les candidats promettent une vie meilleure, mais le résultat est souvent décevant », remarque avec scepticisme le directeur du quotidien Le Phare.

L’état d’esprit du candidat Chalupa avant l’échéance de dimanche : « je suis confiant », indique cet homme ambitieux, qui, s’il est élu, n’entend pas se contenter de sa fonction de député. Trop étroit pour ses aspirations. Pourquoi pas un ministère ? « Le ministère du Tourisme ou l’Urbanisme et l’Habitat dans le prochain gouvernement », songe-t-il déjà. L’homme peut faire des plans sur la comète, car il a les moyens de ses ambitions. Affublé d’une fortune conséquente et de nombreux amis au sein de diverses familles politiques, il a les relations qu’il faut pour atteindre ses objectifs. Jusqu’où ira-t-il ? « Dans cinq ans, si le peuple le demande, la Présidence, pourquoi pas ? Il y a tellement de choses à faire. »

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