Philippe Makaïa est invité le 25 février à la troisième édition du festival Tempo Caraïbes organisé par l’association Eritaj au Théâtre de l’Epée de bois, à la Cartoucherie de Vincennes, en région parisienne. Philippe Makaïa harmonise la musique moderne avec le Gwo Ka, la musique traditionnelle de son île, qui plonge ses racines en Afrique. Il s’est entretenu avec Afrik.com.
Les 24 et 25 février, se tiendra au Théâtre de l’Epée de bois, à la Cartoucherie de Vincennes, la troisième édition du festival Tempo Caraïbes, organisé par l’association Eritaj. Il aura pour thème les contes et les chants des Caraïbes. Philippe Makaïa en est l’un des grands invités. Musicien traditionnel inspiré par les courants artistiques les plus modernes, il est resté fidèle au Gwo ka, la musique des esclaves déportés d’Afrique aux siècles passés. Elle est basée sur sept rythmes qui sont le Kaladja, le Léwoz, le Toumblak, le Padjenbèl, le Menndé, le Woulé et le Graj. Cette musique a été interdite en Guadeloupe jusque dans les années 50 par le Clergé. C’était à la fois une musique de révolte, de joie et de deuil. Philippe Makaïa, percussionniste reconnu, répond aux questions d’Afrik.com.
Afrik.com : Qu’est ce qui vous a mené à la musique ?
Philippe Makaïa : J’ai commencé à jouer très jeune du tambour. A quatorze ans, j’ai monté le groupe Gwo Siwo, en 1980, et nous avons sorti un album Ka fraternité qui a bien marché en Guadeloupe. J’ai également joué avec des maîtres du Gwo Ka notamment avec Vélo. Je suis devenu professionnel très tôt. A 21 ans, je me suis installé à Paris où j’ai rencontré le chanteur Guy Konkèt avec qui j’ai tourné. J’ai également collaboré avec des grands noms du jazz tels Bobby Few et Chris Anderson. J’ai aussi joué avec des maîtres de la musique mandingue comme Ousmane Kouyaté, des Chiliens et des Argentins. J’ai participé à plusieurs tournées en Europe, en Afrique, aux Etats-Unis et bien sur dans les Caraïbes.
Afrik.com : Expliquez nous votre genre musical ?
Philippe Makaïa :Ma musique a plusieurs influences, notamment le jazz, la musique mandingue et cubaine. Elle est moderne mais surtout traditionnelle car je suis avant tout un tanbouyé, c’est-à-dire un joueur de tambour Ka. La musique traditionnelle de la Guadeloupe est née de cet instrument. Pendant l’esclavage, les Africains déportés faisaient des tambours à partir de barils de salaison, appelés des « Gros Quarts », que les maîtres emmenaient par les bateaux négriers.
Afrik.com : Le chanteur camerounais Pablo Master est intervenu sur votre dernier album. Que représente pour vous cette participation africaine ?
Philippe Makaïa : J’adore Pablo Master, on avait déjà travaillé ensemble. J’apprécie que les musiciens africains interviennent dans chacun de mes albums. De toutes les façons, le Gwo Ka a ses origines en Afrique. Quand je suis arrivé à Paris, j’ai fait la connaissance du grand maître guitariste mandingue Ousmane Kouyaté. J’ai intégré son groupe. Cet homme m’a énormément influencé. Il m’a emmené en Guinée Conakry, il m’a fait découvrir le pays mandingue et sa culture. Je dois beaucoup à Ousmane Kouyaté, et je reste très proche des Guinéens. J’adore la Guinée.
Afrik.com : Que signifie pour vous cette participation au Tempo Caraïbes ?
Philippe Makaïa : Elle est très importante à mes yeux car cet événement représente le talent et la création des Caraïbes. Il englobe aussi bien les contes des Caraïbes que sa musique qui a par ailleurs plusieurs facettes, la moderne, la traditionnelle, le zouk et tant d’autres. Le 25 février, je serai accompagné de mon groupe Wopso formé en 1995.
L’Association Eritaj organise le 3ème édition de Tempo Caraïbes du 24 au 25 février au Théâtre de l’Epée de bois Cartoucherie de Vincennes.
Le premier album solo de l’artiste, Makaïa, est sorti en 2006, chez Method Recordings.