Philippe Fiston sur la Route du Rhum 2006


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Philippe Fiston dans la cabine de son bateau

A bord d’un monocoque classe Icoma de 60 pieds, baptisé Adriana Karembeu, le skipper guadeloupéen Philippe Fiston a pris le départ de la 8è édition de la Route du Rhum le dimanche 29 octobre 2006. La mythique Transat à la voile relie Saint-Malo à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) sur une quinzaine de jours et compte 74 participants, un record pour cette édition, qui a débuté sous un vent clément.

De notre envoyée spéciale à Saint-Malo Mame Diarra Diop

La veille du départ, Philippe Fiston est à bord de son monocoque, amarré au port de Saint-Malo et prêt à participer à sa première Route du Rhum. Volontiers, il se prête au jeu des médias, en se familiarisant avec le bateau bleu et blanc, ses mâts tendus au maximum. Engoncé dans la cabine de navigation, il émerge de temps à autre sur le pont pour échanger quelques mots avec l’équipe technique. Les vérifications du matériel sont constantes. Un scaphandrier, immergé dans l’eau, nettoie la coque afin qu’elle glisse mieux et Joël Octuvon, chef du projet Fiston-en-mer, supervise l’ensemble. Le skipper se prépare depuis six mois à l’évènement autant physiquement que mentalement et sa famille est présente pour le soutenir. Son fils aîné garde aussi ce regard admiratif face au père compétiteur. Philippe Fiston a de quoi impressionner. Grand, calme et surtout serein face à l’agitation alentour, il étonne par sa connaissance de la mer et possède à son actif un palmarès sportif non négligeable : plusieurs fois Champion de Guadeloupe Laser, 9e au National Figaro, il compte, après la Route du Rhum, participer au Vendée Globe.

« Il se battra pour être parmi les meilleurs »

Natif de Sainte-Anne en Guadeloupe, Philippe Fiston ne pouvait qu’aimer cette mer qui l’entoure. Son père marin l’y a sans doute aidé et ses propres années de navigation sur un catamaran de 25m l’ont aguerri face aux aléas climatiques. Le skipper guadeloupéen ne conçoit pas son métier sans le partager, sillonnant régulièrement les îles de la Caraïbes et initiant des jeunes guadeloupéens en difficulté aux métiers de la mer. Cette participation à la Route du Rhum revêt donc un caractère engagé, plus encore si la victoire est au rendez-vous.

Daniel Perrin, publicitaire et parrain de l’opération, espère que Philippe Fiston arrivera à Pointe-à-Pitre, avec un bateau en bon état. Pour Joël Octuvon, également skipper et responsable d’un club nautique en Guadeloupe, la confiance en Philippe est de mise : « Vous le voyez calme maintenant, mais sur l’eau, c’est un autre homme. Il devient un compétiteur au même titre que les autres et je sais qu’il se battra pour être parmi les meilleurs… ». Puis il évoque quelques anecdotes, quand Fiston restait plus d’une semaine en mer pour ramener un bateau à quai. Alors, quand à quelques heures du départ un incident technique survient et qu’il faut changer une pièce du monocoque, Fiston reste détendu, plaisante et dîne en famille, confiant pour la suite.

Réunir les fonds pour Fiston-en-mer n’a pas été de tout repos pour l’équipe. Il a fallu user de patience, de relations et grâce à la participation du Conseil régional des Hauts-de-Seine et celle ultime d’Adriana Karembeu, marraine du bateau, le projet a reçu un formidable coup de projecteur, pour laisser place à un monocoque en parfait état, même si les multicoques sont dit plus rapides sur l’eau. Philippe Fiston bénéficie aussi du soutien du Pays et l’ex championne athlétique Marie-Josée Pérec a même tenu à venir saluer le skipper à quai.

Objectif : tenir la barre jusqu’en Guadeloupe

Jour J : Très tôt, le temps est brumeux sur le port de Saint-Malo. Réveil à 5h pour Philippe Fiston. Après un petit déjeuner énergétique, le skipper et son équipe se rendent à bord du monocoque pour se diriger à 6h vers l’écluse, une zone de stationnement temporaire avant la ligne de départ, située un peu plus loin, en face de la Pointe du Grouin, une falaise où se masseront environ 60 000 personnes. Et les Malouins sont au rendez-vous. Cette course est un patrimoine local et il est inconcevable d’en rater le départ. A cet égard, des ferry, des bateaux de plaisance et autres vedettes privées suivront les skippers pour accompagner leur départ, prévu pour 13h02. Et l’émotion, le spectacle est magnifique au premier coup de sirène. Doucement, les bateaux multicolores, flamboyants, leurs mats fièrement dressés, s’élancent et prennent la mesure du vent.

Pour Philippe Fiston, maintenant en haute mer et seul, l’objectif est de tenir la barre jusqu’en Guadeloupe. Pour les jeunes qu’il encadre et surtout pour changer l’image du nautisme en Guadeloupe, un secteur depuis trop longtemps réservé à quelques privilégiés. Et beaucoup, comme Joël Octuvon, Daniel Perrin et Gordon Zacharie, responsable de la communication, croient en lui. Ils seront bien sûr au rendez-vous à Pointe-à-Pitre pour accueillir leur skipper, en compagnie de Mr Moutoussami, maire de St-François, la commune de travail de Philippe Fiston, considéré comme le fils du pays. Une grande fête est prévue à cette occasion. Ensuite, le skipper se préparera pour le Vendée Globe. On lui souhaite Bon vent !

Voir le site de La route du Rhum

Le Rhum : une course en solitaire
La Route du Rhum est une compétition sportive de voile de haut niveau, qui a lieu tous les quatre ans. Elle associe monocoques et multicoques, amateurs et professionnels… Si les navigateurs sont assistés de leur équipe technique pendant toute la préparation, vient le moment crucial, symbolique, à quelques minutes du coup d’envoi, où les divers multicoques et monocoques, gardent à leur bord un seul homme pour les conduire dans leur destinée transatlantique. Après le passage du cap Fréhel, commence véritablement le défi, la gestion du stress et la maîtrise de l’environnement marin, ce qu’a très bien réussi le vainqueur de la précédente Route du Rhum en monocoque, l’anglaise Ellen Mac Arthur, même si lors de cette édition, une quinzaine de bateaux avaient chaviré à cause d’une dépression, certains skippers ayant été obligés de se secourir mutuellement. La route centrale, la plus courte, n’est certainement pas la plus facile et les golfes à vents contraires seront des obstacles à affronter, de même que la zone de l’anticyclone des Açores, sans oublier de garder un œil sur le concurrent et un autre sur le record à battre.
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