L’appel a déjà été suivi par plusieurs milliers d’africains qui dans leurs motivations considèrent la CPI comme l’impérialiste des temps modernes.
Les actes de la Cour pénale internationale vis-à-vis des leaders africains fâchent. Des citoyens ordinaires n’hésitent plus à suivre les positions des leaders africains réunis au sein de l’Union africaine qui accusent depuis quelques années la CPI de s’acharner sur les leaders africains. Jacques Goba, un jeune africain a lancé il y’a un peu plus de deux semaines une pétition appelant les Chefs d’Etat africains à se retirer de la CPI.
2300 personnes ont ainsi déjà souscrit à cette proposition qui suscite de grands débats dans le milieu des journalistes au Cameroun. Les uns louant l’action de la cour pénale international au motif que les leaders africains sont mal élus, sont des pourfendeurs de la liberté d’expression et qu’ils tuent pour se maintenir ou accéder au pouvoir. D’autres soutiennent qu’il faut laisser l’Afrique juger elles-mêmes ses monstres ou encore appliquer la même justice pour tous.
Dans la diaspora africaine où se recrutent le plus grand nombre de signataires, les critiques sont des plus acerbes. « La CPI un instrument politique au service des pouvoirs impérialistes qui continuent d’étouffer les africains qui aspirent à une authentique souveraineté », écrit depuis la Pologne, Jules Amani pour qui la façon dont la CPI traite l’Afrique est inacceptable. Esmane Guy, qui réside en France y voit le retour d’une Afrique sous tutelle. « Je veux une Afrique libre et indépendante », affirme-t-il. «Parce que je considère tout simplement que la CPI est un instrument politique au service des occidentaux », ajoute Youssouf, d’origine comorienne, pour justifier sa signature.
Et pourtant, elle repose sur l’Afrique
La pétition dénonce les Etats-Unis d’Amérique, défenseur des droits de l’homme qui n’ont toujours pas ratifié le traité instituant la CPI tout comme la Russie, Israël et de nombreux pays d’Asie comme la Chine qui ne l’ont même pas signé. Bien plus, de la trentaine de personnes inculpées par la CPI depuis sa création jusqu’à ce jour, il n’y a que des Africains. L’auteur entend ainsi par cette pétition pousser les Etats africains à quitter la CPI, ce qui la fragiliserait par la même occasion. L’Afrique y comptant le plus gros contingent de pays l’ayant ratifiée.
En effet, la CPI a été crée officiellement le 1er juillet 2002 sous l’impulsion de l’ONU, après la ratification par suffisamment d’Etats du Statut de Rome adopté le 17 juillet 1998. Elle est une juridiction internationale permanente et universelle visant à réduire l’impunité des individus et non des Etats responsables de génocide, de crime contre l’humanité, de crime de guerre et de crime d’agression, et de promouvoir ainsi par la prévention, la dissuasion et la répression, le respect universel des droits de l’homme, par les dirigeants politiques. Sur les 193 Etats membres de l’ONU, la CPI compte actuellement 122 Etats membres, ayant à la fois signé et ratifié le Statut de Rome, et répartis par groupes d’Etats. Le groupe le plus important est celui des Etats d’Afrique, fort de 34 Etats membres sur les 54 que compte le continent, suivi du groupe de 27 Etats d’Amérique Latine et des Caraïbes, du groupe de 25 Etats d’Europe Occidentale, du groupe de 18 Etats d’Europe de l’Est, et enfin du groupe de 18 Etats d’Asie et du Pacifique.