Perspectives: le Code de la famille au Maroc cinq ans plus tard


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Cinq ans après la réforme du Code de la famille au Maroc, la  »Moudawana », Hakima Fassi-Fihri, professeur-chercheur, et Zakia Tahiri, réalisatrice, cherchent à déterminer si la société marocaine a observé des changements.

L’heure est venue d’introduire de nouvelles réformes par Hakima Fassi-Fihri

Rabat – En février 2004, le Maroc avait été félicité pour les progrès accomplis au regard des droits de la femme, et spécialement pour la révision du Code de la famille, la  »Moudawana », qui remontait à 1958. Cette réforme a été le fruit de longues années de travail entre universitaires, théologiens, militants et juristes.

Cinq ans plus tard, l’heure est venue d’évaluer le bien-fondé de ces louanges.

L’esprit de la réforme de 2004 a été de restaurer l’équité entre l’homme et la femme au sein de la cellule familiale dans le but de protéger les intérêts de l’enfant tout en respectant l’équilibre entre tradition et modernité dans un Maroc très attaché à son identité.

Par exemple, une jeune femme marocaine peut désormais se marier librement, sans l’autorisation de son père. La famille est également placée sous la responsabilité conjointe des deux époux et non plus sous l’unique responsabilité du mari.

En outre, la polygamie, qui était un droit absolu de l’époux, en vertu de l’ancien texte, devient soumise à l’approbation du juge et, surtout, à de très strictes conditions légales qui la rendent quasiment impossible.

La croissance du nombre de femmes juges de la famille ainsi qu’un net rajeunissement du corps de la magistrature font également partie des évolutions notables de cette réforme.

Cependant, d’autres changements sont encore nécessaires.

En effet, si à ses débuts, la Moudawana a eu un effet dissuasif – pour ce qui est de la polygamie ou du mariage des mineurs par exemple – les gens se sont rapidement rendus compte qu’il n’était pas facile d’obtenir des dérogations du juge.

Ainsi, bien que le nouveau code prescrive l’âge légal du mariage à 18 ans, 10% des mariages actuellement célébrés au Maroc concernent des mineurs. De plus, une augmentation spectaculaire (plus de 50% entre 2006 et 2007) des mariages de mineurs a été observée en milieu rural.

Outre la nécessité d’appliquer correctement les dispositions du code actuel, en donnant notamment la priorité à la formation des juges afin qu’ils rendent des avis conformes au nouveau texte de loi, de nouvelles réformes doivent encore être menées à bien pour obtenir une plus grande équité entre hommes et femmes.

Par exemple, en ce qui concerne l’héritage et la succession, il n’est plus raisonnable ni convenable aujourd’hui, dans le cas des héritières, de les obliger à partager leur part d’héritage avec leur oncle ou leur cousin.

Le Maroc gagnerait à renforcer le débat en vue, peut-être, d’une nouvelle réforme de la Moudawana.

Imaginer un renversement des rôles par Zakia Tahiri

Casablanca – Cinq ans après le réforme du Code de la famille au Maroc, les Marocains débattent encore de l’identité de la famille marocaine.  »Nawal », une jeune femme marocaine, est fière des réformes qui ont été introduites. Pour elle, tout comme pour de nombreuses Marocaines, c’est une victoire. D’autres Marocaines en revanche, comme  »Ilham », n’y comprennent pas grand chose.  »Najat », quant à elle, y est opposée depuis qu’on lui a dit que ce n’est pas conforme à la volonté de Dieu. Les femmes sont divisées sur le sujet.

 »Rachid », un jeune Marocain, refuse de se marier depuis qu’il a appris qu’en cas de divorce, il devrait partager ses biens avec sa femme. Et les  »Alis » du Maroc ont l’impression d’avoir perdu leur dignité depuis que la famille est placée, au regard de la loi, sous la responsabilité des deux époux.

Ces diverses opinions sont présentes dans le film de 2008, intitulé Number one en raison du personnage principal, un directeur, le  »Number one » d’une usine de confection qui emploie 50 ouvrières. La Moudawana est un thème qui revient tout au long du film dans lequel le débat sur l’égalité des sexes au Maroc est présenté sous un jour nouveau.

Des milliers de femmes ont vu le film. Parmi elles, des femmes qui, faute de moyens ou d’intérêt, n’avaient jamais été au cinéma. Elles sont venues parce que d’autres femmes leur ont dit que mon film parlait d’elles, de leur vie au quotidien.

Beaucoup de femmes se sont identifiées aux situations décrites dans le film. Elles ont reconnu leurs maris, leurs cousins ou bien encore leurs patrons. Les hommes, pour leur part, ont été bouleversés. Un homme m’a dit après avoir vu le film: «c’est en voyant votre film que je me suis rendu compte que moi aussi j’étais un macho… ». Et un deuxième m’a lancé: « Je veux que mes filles voient votre film pour qu’elles n’acceptent jamais ce qu’elles croient être leur destin».

Cinq après la Moudawana, Number one a recours à l’humour et au divertissement pour ouvrir le débat et mettre en question les vues traditionnelles du rôle des hommes et des femmes dans la société marocaine.

* Zakia Tahiri écrit et réalise des films avec son mari Ahmed Bouchaala. Hakima Fassi-Fihri est professeur-chercheur de droit des affaires et de droit des contrats à Rabat et est engagée dans des réseaux associatifs marocains et français. L’article est écrit pour le service de presse Common Ground membre actif des réseaux de femmes. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews).

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 1er mai 2009. Reproduction autorisée.

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La rédaction d'Afrik, ce sont des articles qui sont parfois fait à plusieurs mains et ne sont donc pas signées par les journalistes
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