Début juillet 2015, l’Afrique sera à l’honneur, à Paris. À cette occasion, près de deux mille chercheurs et acteurs de la société civile sont attendus lors de la sixième conférence européenne des études africaines (ECAS). Cette nouvelle édition s’articule autour des mobilisations collectives en Afrique ainsi que évènements culturels consacrés à la performance en Afrique sous le nom de Africa Acts. En préambule à cet événement. Lors d’une conférence de presse organisée le 5 mai dernier , le Centre national de recherche scientifique (CNRS) a présenté les différents aspects de cette sixième conférence européenne.
La sixième Conférence européenne des études africaines entend présenter des visages pluriels de l’Afrique, dans le but de dépasser les stéréotypes et les idées reçues. Coorganiséé par l’Institut des mondes africains et les Afriques dans le monde, cette conférence évoquera les crises, les transgressions, les différentes formes de militantisme. Le continent africain est plus que jamais au cœur de l’actualité. Cette rencontre invite à penser l’Afrique autrement à travers trois axes : les arts et humanitaire, l’écriture de soi comme outil d’expression politique et la situation des migrants africains en France.
Arts et humanitaire
L’art en Afrique constitue un véritable outil de sensibilisation auprès de la population. Plusieurs problématiques sociales sont abordés à travers l’art. Il est même parfois utilisé en politique pour faire passer certaines idées. La démarche de l’artiste en Afrique dans le domaine humanitaire est à la fois éthique et esthétique. Il cherche avec son art à favoriser le développement et la paix. Lors de la conférence de la conférence de presse, Maëline Le Lay, chargée de recherches au CNRS a mis en avant plusieurs interrogations : le passage d’un art nationaliste plus ou moins inféodé au pouvoir à un art apparemment dégagé de toute injonction gouvernementale permet-il d’observer l’émergence d’une expression plus subversive, voire contestataire ? Peut-on parler d’un art sous influence ?
L’écriture de soi comme outil d’expression politique
A travers les mémoires de militantes africaines du 20ème siècle, de figures des luttes féministes pour l’indépendance, ou encore contre les dictatures, les chercheurs ont mis en avant les différents mécanismes de construction du récit autobiographique et des voix critiques qui émergent en Afrique. Ces différents récits de militants sont empreints d’intimité et de politique. Il s’agira ici de se documenter et de rendre visible des femmes militantes. Ces notes sont inédites, elles amènent à s’interroger sur la dimension contestataire de ces écrits, à étudier ces écrits comme des sources qui donnent accès aux rêves de ces femmes. Ophélie Rillon, post-doctorante à l’Institut des monde africains, qui est en charge de cet axe lors de la conférence compte amener ses auditeurs à s’interroger sur les motivations du passage à l’écrit, dans un contexte où rares sont les témoignages écrits laissés par les Africaines.
La situation des migrants africains en France
Cet axe vise à mettre en avant la participation, depuis la France, des migrants subsahariens aux mouvements partisans et sociaux en Afrique, des indépendances à nos jours, par le prisme de l’anthropologie, de la sociologie, de l’histoire et des sciences politiques. Pour Françoise Blum, ingénieur de recherche au CNRS, il existe deux types de migrants : les travailleurs et les étudiants. Il n’y a pas de cloisonnement hermétique entre ces deux types de migrants. Dès les années 70, le terme immigré fait son apparition, quels en sont les effets sur les comportements politiques ? A partir de 1970, les migrants se sont mobilisés sous la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France ou en créant les mouvements sociaux des travailleurs africains pour le logement. Une comparaison sera menée entre l’identité urbaine et culturelle des deuxième, troisième et quatrième générations de migrants en France et la formation de l’identité britannique noire d’aujourd’hui.
La Conférence européenne des études africaines est une véritable usine de savoirs qui vise à déconstruire les préjugés sur ce continent. Elle permet un développement des liens entre la recherche et la société civile.