Les 29e jeux Olympiques démarreront ce vendredi à 12h08 GMT à Pékin. La Chine veut briller de mille feux en offrant une cérémonie éblouissante. Mais pas assez pour empêcher les activistes, même à quelques heures de la cérémonie d’ouverture, de protester pour le respect des droits de l’Homme en Chine, au Tibet ou au Darfour.
La cérémonie d’ouverture des 29e jeux Olympiques de l’ère moderne débutera dans moins de deux heures. Elle commencera exactement à 20h08, heure chinoise (GMT+8), et Pekin promet une cérémonie grandiose. Ses préparatifs ont été tenus longtemps secrets. Une télévision sud-coréenne a néanmoins réussi à déjouer le dispositif chinois et des images des répétitions ont été diffusées la semaine dernière sur la toile.
La Chine n’a pas lésiné sur les moyens pour épater la planète
Le stade olympique, le désormais fameux « Nid d’oiseau », devrait connaître un feu d’artifice géant. Pas moins de 29 000 fusées seront utilisées pour faire le spectacle orchestré par le cinéaste chinois Zhang Yimou, le réalisateur du Secret des poignards volants et plus récemment de La Cité interdite. Evalué à quelque 100 millions de dollars, la cérémonie d’ouverture de Pekin devrait être l’une des plus onéreuses de l’histoire des Jeux modernes. C’est déjà le double de la somme investie par les Grecs en 2004. Quinze mille artistes ont été mobilisés pour cette cérémonie de 3h30 minutieusement réglée par les organisateurs. « Le gouvernement et le peuple chinois ont tenu sérieusement leurs engagements pris devant la communauté internationale depuis que Pékin a obtenu les jeux Olympiques en 2001 », a affirmé le président chinois Hu Jintao à l’occasion du banquet offert au Palais du Peuple, place Tiananmen, à ses homologues étrangers en prélude de la cérémonie d’ouverture.
Le stade olympique chinois devrait accueillir 90 000 invités dont les présidents Omar Bongo Odimba (Gabon), Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Joseph Kabila (République Démocratique du Congo). L’Américain George Bush et le Français Nicolas Sarkozy sont déjà arrivés. La présence ou non de ce dernier à Pekin avait longtemps nourri la polémique en France. En dépit de ses nombreuses déclarations affirmant qu’il ne se plierait pas aux volontés des autorités chinoises, le chef de l’Etat français a fini par rendre les armes. Il ne recevra pas non plus la semaine prochaine le dalaï-lama, le chef spirituel et politique du Tibet, en visite en France, comme l’ont souhaité les autorités chinoises. Nicolas Sarkozy fait l’objet de multiples critiques aussi bien dans sa majorité que dans l’opposition. Les numéros un français et américain seront ainsi les rares représentants, avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine, du G8. La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre anglais Gordon Brown ont boycotté la cérémonie d’ouverture.
Darfour et Tibet : les activistes ne relâchent pas la pression
Sous l’emblème « Beijing en dansant », le slogan «Un monde, un rêve» et rythmée par la chanson officielle des JO Dreams, la fête devrait être belle. Les Chinois ont presque tout prévu en misant aussi sur le calendrier. La cérémonie d’ouverture des Olympiades débutera à 8h00 du soir, au 8e jour du 8e mois de l’année 2008, le chiffre 8 étant un porte-bonheur dans l’Empire du Milieu. Mais c’est sans compter les voix discordantes qui s’élèvent partout dans le monde pour protester contre les atteintes de droits de l’homme en Chine. Ce matin, le président de Reportes Sans Frontières (RSF), Robert Menard, a réveillé les Pékinois à 08h08 précises, un clin d’œil à la combinaison « gagnante » – 08/08/08 – que les Chinois ont choisie. « Quelles que soient les mesures que vous prenez, vous n’arriverez pas à bout de la liberté de parole », a-t-il lancé aux responsables politiques chinois sur les ondes d’une bande FM piratée. A Paris, où la préfecture de police a interdit toute manifestation près de l’ambassade de Chine, RSF vient de remporter ce vendredi une autre petite victoire. La justice a annulé l’arrêté préfectoral.
« Nous croyons fermement que les sociétés qui permettent la liberté d’expression des idées tendent à être les plus prospères et les plus pacifiques », a également déclaré ce vendredi à Pékin le président américain George Bush, lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade des Etats-Unis en Chine. Quelques jours plus tôt, 127 athlètes, dont une quarantaine sont présents aux Jeux, ont adressé une lettre ouverte au chef de l’Etat chinois pour réclamer le respect des droits de l’Homme, notamment au Tibet. L’Inde voisine, terre d’exil des Tibétains, a été également le théâtre de manifestations. Près de 2 500 d’entre eux pris d’assaut les rues de New Delhi et de Katmandou.
Le Darfour est l’autre question épineuse pour les autorités chinoises. Les pro-Darfour n’ont pas renoncé. Comme un pied de nez, les Américains ont choisi l’ancien refugié soudanais Lopez Lomongi, originaire de la province occidentale du pays en proie à une guerre civile, comme porte-drapeau. Forte de 596 sportifs, les Etats-Unis qui défileront à la 139e position, constituent la délégation la plus importante après la Chine qui compte 639 athlètes. Les Grecs ouvriront la marche des délégations dans la pure tradition des JO, suivie par la Guinée. Les deux Corées ne défileront cependant pas ensemble à la cérémonie d’ouverture des Jeux comme elles l’avaient fait à Athènes. La Zambie, puis la Chine, fermeront ce défilé. Représentant 204 Comités nationaux olympiques (CNO), 10 600 athlètes, dont près d’un dixième sont Africains, participent aux 29e jeux Olympiques placés sous haute sécurité.