Après deux années blanches, l’ancien Président du Cap Vert Pedro Pires s’est vu attribué, lundi 10 Octobre, le prix du leadership d’excellence « Mo Ibrahim » visant à récompenser les chefs d’états africains pour leurs capacités à gouverner.
En 2007, l’ancien président du Mozambique, Joachim Chissano, s’était vu attribuer le premier prix «Mo Ibrahim». Koffi Annan, Président du comité, avait affirmé qu’«en faisant passer le Mozambique d’une ère de conflits à une ère de paix et de démocratie, il avait apporté sa plus grande contribution». Festus Mogae, à la présidence du Botswana durant 10 ans démissionne après son mandat, pour laisser place à son successeur Seretse Ian Khama. Il obtient le deuxième prix Mo Ibrahim en 2008. Aucun prix n’a ensuite été attribué en 2009 et en 2010. Selon le fondateur, « Les critères fixés pour remporter le Prix sont exigeants, et chaque année, le nombre de candidats éligibles est restreint. Il n’est donc pas inattendu qu’il y ait des années sans prix ». Parmi les cinq chefs d’Etats candidats au titre cette année, c’est le Président du Cap-Vert Pedro Pires qui l’a emporté. Salim Ahmed Salim, président du comité d’attribution du Prix Ibrahim a déclaré « Le Comité d’attribution du Prix a été impressionné par la capacité de vision du Président Pedro Pires qui l’a conduit à transformer son pays en un modèle de démocratie, de stabilité et de développement. Sous ses dix années de présidence, le Cap-Vert est devenu l’un des deux seuls pays africains à sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) établie par les Nations Unies tout en acquérant la reconnaissance de la communauté internationale pour les résultats accomplis en matière de droits de l’homme et de gouvernance. » Une élection qui ravi les membres de la fondation Mo Ibrahim après deux années blanches.
Pedro de Verona Rodrigues Pires est l’un des dirigeants les plus considérés d’Afrique. Après avoir étudié les sciences à Lisbonne, il est appelé à combattre sous le drapeau Portugais. Il déserte en 1961, fuit la capitale et part rejoindre Amilcar Cabral avec qui il intègre en 1961 le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert (PAIGC). Une guerre du peuple qualifiée par le politologue français Gérard Challiand comme « la guerre la plus juste et la plus rationnelle du XXe siècle ». En 1975, il est le premier chef du gouvernement Cap Verdien, avant de rejoindre l’opposition. Un nouveau parti, le Parti africain de l’indépendance du Cap Vert (PAICV), voit le jour. Président de la République du Cap Vert depuis 15 ans, il quitte volontairement le pouvoir le 9 septembre dernier en organisant des élections pour faciliter l’arrivée de son successeur. Cette décision de ne pas se représenter a été particulièrement appréciée par la fondation Mo Ibrahim.
La Fondation Mo Ibrahim
Avec plus de 24 millions de clients et un chiffre d’affaires qui frôle le milliard de dollars, « Celtel », fut sans conteste l’un des tournants majeurs de la téléphonie mobile en Afrique. Un projet de 750 millions de dollars qui fut racheté en 2005 par MTC Koweït pour 3,4 milliards de dollars US. De là, Mo Ibrahim crée la fondation qui porte aujourd’hui son nom, visant à récompenser les chefs d’état les plus méritant par un prix de 5 millions de dollars étalés sur dix ans, complété par une rente annuelle de 200 000 dollars versée à vie. L’indice « Mo Ibrahim », permettant d’évaluer et de classer les chefs d’états en fonction de leurs capacités à gouverner suivant des critères tels que la sécurité, les droits humains, le développement humain et le développement économique durable. « Un président qui arrive à sortir de la pauvreté 5 millions d’individus et quitte le pouvoir démocratiquement mérite une récompense », affirme-t-il. Avec une récompense d’une telle ampleur, le président fondateur entend changer le comportement des dirigeants africains, majoritairement liés à la corruption, aux détournements de fonds et aux coups d’Etats. Mais il souhaite également réfuter l’idée faite sur la gouvernance africaine et mettre en lumière les nombreuses ressources que détiennent le continent.