La musique de Paulo Flores fait escale à Paris pour l’événement culturel 100% Angola, qui se tient ce samedi au Bataclan. À cette occasion, le prodige de la musique angolaise est revenu sur ce qui fait sa force : raconter la douleur du peuple sur des sonorités toujours plus variées. Pour que le message passe, sans qu’il ne lasse.
Paulo Flores est l’un des fleurons de la musique angolaise. Du haut de ses 34 ans, il jouit déjà d’un prestigieux palmarès : huit albums, dont le premier sorti à ses 16 ans. Alors c’est tout naturellement que le roi de la semba s’est retrouvé parmi les têtes d’affiche de l’événement culturel 100% Angola, qui se tiendra ce samedi au Bataclan.
« Toucher les gens et expliquer ce qu’ils ressentent »
À l’occasion, il interprétera un duo avec un ami de longue date : Lulendo. « Nous allons interpréter « Xé Povo », une chanson qui dit aux gens qu’il faut se lever, qu’il est temps pour eux de prendre leur place. C’est un peu le « Wake Up, Sand Up » de Bob Marley », confie Paulo Flores, dont le chignon révèle un visage tout en rondeur. Et la conscientisation, il en connaît un rayon. Il ne cesse de parler des problèmes qui rongent la société angolaise. « Je ne l’ai pas choisi. C’est venu de l’intérieur, de l’agression de voir ces gens qui mendient tous les jours, qui sont désespérés… J’ai voulu créer des personnages qui pourraient représenter les problèmes d’éducation, de corruption, d’exploitation des opprimés. J’ai voulu toucher les gens et expliquer ce qu’ils ressentent ».
Il regrette aussi que certains basent leur vie sur des acquis matériels : de beaux vêtements, de belles voitures… « Je ne pointe du doigt personne, je ne culpabilise pas en disant : « C’est toit le coupable » », souligne l’artiste. Créatif, Paulo Florès a commencé à écrire de façon plus poétique. Un tournant dans la carrière de cet homme qui a pris le parti de chanter des phrases simples pour être entendu du plus grand nombre : « Je perds une bonne partie des gens, mais j’ai le sentiment que c’est un autre travail que je dois accomplir. J’ai besoin de changement, d’alternatives ».
La variété, justement, c’est aussi ce qui caractérise la musique de Paulo Flores. L’artiste angolais ne sait pas comment définir sa musique. Il fait ce qu’il aime, quand il a envie de le faire. Il recherche constamment l’inspiration et les rythmes dans les entrailles de son Angola. Pour se renouveler : « Ça me fait me sentir en vie », lance-t-il, ému. Alors bientôt du kuduro dans son répertoire ? « Je n’en ressens pas le besoin, mais si un jour je l’ai, je le ferai. »
Démarche artistique et sociale
Si Paulo Floresl tient à parler de tout des maux de sa terre, sur des rythmes aussi divers, c’est pour ne pas lasser et apporter sa pierre à la reconstruction de son pays, qui sort de 40 ans de guerre : « Je vis en Angola et je veux que mon fils grandisse ici. Alors je veux que l’Angola devienne meilleure, que les gens puissent y vivre dignement ». D’où sa casquette d’ambassadeur de bonne volonté des Nations Unies, avec laquelle il collaborera bientôt pour construire l’Angola de ses rêves.
Dans cette optique, il participe à la sensibilisation des jeunes au VIH/sida. « Au Bostwana, la séroprévalence est de 22%, au Zimbabwe de 19% et en Angola 4%, constate analyse Paulo Flores. Mais c’est à cause de la guerre. Les Angolais qui ont fui dans les pays voisins peuvent donc avoir été contaminés et, dans ce cas, risquent de contaminer d’autres personnes en revenant au pays. Il les jeunes pensent encore beaucoup que le sida est une maladie de Blancs ».
Tout est à faire et à découvrir. « Pendant la guerre, les gens restaient chez eux, il n’y avait pas d’échanges. Depuis ces trois dernières années, tout explose. Les gens se rencontrent, apprennent à se connaître… ». Ils partagent ainsi leur culture, muselée par la détonation des canons. Paulo Fores se chargera samedi de dévoiler un aperçu de cette richesse lors de son concert.