Encore une fois, le Président rwandais, Paul Kagamé, a vivement critiqué la Cour pénale internationale, dénonçant une justice sélective qui sert les intérêts des puissants. C’était lors d’une conférence de presse mardi.
Comme à son habitude, il n’a pas mâché ses mots à l’égard de la Cour pénale internationale (CPI). Alors qu’il s’exprimait mardi lors d’une conférence de presse, le Président rwandais, Paul Kagamé, a vivement critiqué la CPI, dénonçant une justice sélective qui sert avant tout les intérêts des puissants de ce monde. « Ce monde est divisé en catégories : il y a des gens qui ont le pouvoir d’utiliser la justice internationale ou le droit international pour juger les autres, mais ils ne se les appliquent pas », a-t-il déclaré. Selon lui, « il n’est pas possible d’avoir un système international qui est supposé offrir une justice et qui, au final, le fait de manière sélective ou politique ».
En s’exprimant ainsi vis-à-vis de la Cour pénale internationale, Paul Kagamé faisait sans doute référence à l’affaire du Président kényan Uhuru Kenyatta et son Vice-président, poursuivis par la CPI. Il s’agit des deux seuls responsables en exercice à être poursuivis par la juridiction internationale.
Même s’il a affirmé que la position rwandaise à l’égard de la CPI n’était pas liée aux poursuites contre l’exécutif kényan, élu en mars dernier, il a toutefois noté que « le cas du Kenya est un bon exemple des problèmes que nous avons eu avec la CPI ». Pour lui, « les procès en cours contre les Président et Vice-président kényans le démontrent comme une évidence. Les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent étudier cette situation, mais également la question plus large de la compétence universelle ».
« La CPI humilie les Africains »
Ce n’est pas la première fois que Paul Kagamé se montre très critique à l’égard de la CPI. Déjà fin septembre, il l’avait très sévèrement critiquée devant l’Assemblée générale de l’ONU, l’accusant d’humilier les Africains, pointant du doigt les poursuites pour crimes contre l’humanité lancées depuis 2011 contre le président kényan Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto. Pour le dirigeant rwandais, la CPI a fait preuve de préjugés à l’égard des Africains. Selon lui, au lieu de « promouvoir la justice et la paix, elle a négligé les efforts de réconciliation en humiliant les Africains et leurs leaders pour servir les intérêts politiques des puissants ».
Même dans le passé, Paul Kagamé avait riposté contre le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’accusant d’être parfois trop clément vis-à-vis des responsables présumés du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Mais ce tribunal est également critiqué par de nombreux observateurs pour n’avoir poursuivi aucun membre du FPR, le parti présidentiel rwandais, après leur arrivée à le tête du pays. Réponse de Paul Kagamé : il vaut mieux avoir le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que de n’avoir aucun mécanisme judiciaire international pour juger les génocidaires présumés.