En Côte d’Ivoire, et plus précisément à Abidjan, dragueurs et dragueuses se dévoilent nombreux au début des vacances et opèrent chacun à leur façon. La réputation de Patrick A. n’est plus à faire. Ce fils de bonne famille est l’un des séducteurs les plus affûtés de la capitale. Tapie dans l’ombre, dans un salon de thé du Cap Sud, nous l’avons observé dans ses œuvres.
Notre correspondante en Côte d’Ivoire
Les grandes surfaces, Cap sud de Marcory et Sococé des 2 Plateaux, sont des endroits prisés par les dragueurs. Espace idéal pour frimer et se faire voir à souhait grâce à la grande terrasse et la baie vitrée qui livre tous les détails sur les arrivée et départ des clients, Cap Sud bat tous les records. C’est, pour les « choko »[[Les enfants de bonne famille, riches ou de bonne éducation]], le lieu par excellence de la drague.
Patrick A., « choko » de 32 ans, est un habitué du coin. Il est connu à Cap Sud et, en particulier, par tous les techniciens de surface du salon de thé. Il arrive parmi les premiers clients et repart toujours avec une femme. Pour réussir ce qui, pour lui, n’est plus vraiment un exploit, il a plusieurs stratagèmes dont il use sans difficulté. Aujourd’hui il adopte le plan B.
Toutes les années, en période de vacances, c’est la même technique qu’il emploie pour séduire les belles filles de Marcory, chic et sexy. Toujours bien mis, avec un parfum qu’il laisse plusieurs mètres derrière lui, Patrick attire plus qu’il ne repousse. Ce matin-là, il n’a pas encore fait sa première « victime ». Mais il ne désespère pas. Il a déjà passé une heure et demi devant son café, qui doit avoir refroidi à cause de la fraîcheur qui se dégage des Split de cette grande boutique.
La bonne vieille drague dans sa version ivoirienne
Tiens ! Il se lève. Fait de grands signes de la main et se rassoit en rajustant son blazer. Quelques minutes plus tard, un jeune homme vêtu d’un jean et d’un tee-shirt estampillé Georgi Armano[[Au nom du toc…]] arrive presque en courrant. « Oui, vié père ? » [[L’expression marque un signe de respect ou le droit d’aînesse dans le jargon ivoirien]], dit-il en s’abaissant au niveau des lèvres de Patrick Anicet, resté assis.
Le dragueur marmonne quelque chose à l’oreille du jeune homme en regardant en direction d’une jeune fille assise, seule, depuis quelques minutes seulement devant un grand verre de jus de fruit. Mince, grande et de teint très clair, elle porte un jean taille basse, un top mauve et un long tissage noir sur la tête.
Le jeune homme, qui vient de recevoir des instructions, va vers elle et lui parle tout bas. Cette fois-ci, c’est la bonne. Patrick vient de faire son premier pas. Il lui a offert un second verre et un « p’tit dèj » complet. Elle lui sourit en guise de remerciement. Les minutes qui suivent, nous perdons le fil de l’histoire.
Une chose cependant est sûre, Patrick a la situation en main. Il vient de recevoir un bout de papier de son émissaire, sur lequel sont griffonnés des chiffres que nous n’arrivons pas à distinguer. Il prend l’un de ses trois téléphones portables et tapote sur les touches à l’aide d’une tige argentée assortie au cellulaire. Il porte l’appareil à son oreille. Une sonnerie, une deuxième… On voit la jeune fille chercher son portable dans son sac qu’elle vide nerveusement. Maquillage, lunettes solaires, déo-spray… Enfin, elle trouve son téléphone !
C’est dans la poche !
Elle décroche. Une bonne demi heure de conversation s’en suit. On ne sait toujours pas à qui elle parle, mais Patrick est lui aussi en communication. C’est finalement à la fin de leurs conversations téléphoniques qui, comme par hasard, se sont achevées au même moment, que nous avons repris le contrôle de la situation.
La jeune fille le rejoint sur sa table, certainement pour faire plus amples connaissances. Après discussion, les nouveaux tourtereaux repartent ensemble vers le parking où attend une voiture de luxe dont le séducteur brandit triomphalement les clés. « Patrick l’a emprunté à son frère aîné arrivé des Etats Unis », nous explique le jeune homme vêtu de Georgi Armanio. Et selon ses dires, il est l’enfant chouchou de ses parents mais n’a rien foutu à l’école. Il s’est spécialisé dans « l’éducation » des jeunes lycéennes pendant les vacances scolaires. Et il vient de partir avec une nouvelle conquête.