Patrice Talon : « Construire un pays (…) c’est très difficile de faire l’unanimité »


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Patrice Talon vote
Patrice Talon vote

Le Président du Bénin, Patrice Talon a voté ce matin, aux environs de 10 heures, heure locale. Au sortir du bureau de vote, le candidat à sa propre succession s’est livré à un véritable exercice de questions-réponses de la part de la foule de journalistes qui l’attendaient.

Ouverts pour la plus grande majorité depuis 7 heures, heure locale, les bureaux de vote continuent d’enregistrer le défilé des électeurs qui vont s’acquitter de leur devoir civique. Comme ses compatriotes, Patrice Talon a voté en compagnie de son épouse. C’est dans son bureau de vote habituel, l’école primaire publique Charles Guillot de Zongo, à Cotonou, que le Président du Bénin, candidat à sa propre succession, a accompli son devoir.

Juste après, il s’est confie à la presse, se prêtant à l’exercice à l’exercice de questions-réponses auquel les journalistes l’ont soumis : « Je suis venu faire mon devoir, parce que je suis candidat. Donc il est évident que je vote », a-t-il commencé par dire.
Interrogé ensuite sur l’organisation du scrutin après les dernières scènes de violences qui ont secoué le pays, Patrice Talon répond : « Le Bénin est maintenant un pays qui a une expertise en la matière ; les élections sont toujours bien organisées. Je me réjouis de constater que c’est pareil. Aujourd’hui, pour ce que je sais, ça se passe très bien dans tout le pays. Mais, si j’ai un message à envoyer à mes concitoyens, c’est que tout le monde veuille bien aller faire son devoir, aller voter malgré l’intimidation, les intoxications; qu’on affronte la pluie et le soleil pour aller faire ce devoir noble. D’autant que le Bénin est en train d’écrire à nouveau une page de son histoire. Donc le vote aujourd’hui pour moi est d’une importance capitale ».

Sur les derniers événements ayant agité le pays, Patrice Talon déclare : « J’ai espoir qu’aujourd’hui encore, ce sera un grand jour. A la fin, on constatera que les intimidations, les peurs n’ont pas servi à grand-chose. Nous avons essayé, dans tout le pays, d’être sereins, et on n’a pas fait beaucoup d’histoires sur ces choses-là qui arrivent, qui sont parfois inhérentes aux évolutions, aux mutations. Je crois que les forces de l’ordre et de sécurité ont bien géré la situation. Ils ont gardé le calme qu’il faut. Ces enfants qui ont été manipulés, ces jeunes qui ont fait l’objet de tristes manipulations ont pu être maîtrisés avec beaucoup de compétence et d’expertise. D’ici à ce soir, demain, ce sera fini. Nous allons passer le temps à panser ces plaies et à faire en sorte que plus jamais, ça ne se répète. C’est une épreuve de longue haleine ; il faut être patient. Construire un pays, ce n’est pas facile, agir de sorte à trouver un consensus, à apaiser les frustrations des uns et des autres qui parfois sont légitimes. Construire un pays, vous convenez avec moi que c’est très très difficile de faire l’unanimité, surtout quand il faut faire des réformes. On fait avec, on va y aller. Notre pays va passer les étapes, les unes après les autres, et on va construire notre pays ensemble ».

Au sujet des assises nationales demandées par l’opposition, Patrice Talon est catégorique : « Je ne vois pas pourquoi il faudrait des assises. Vous voyez, vous êtes là, c’est calme, le pays vote. Nous allons tout doucement amener les uns et les autres à la raison. Il est évident que dans la vie d’une nation, éternellement, il y aura des contestations, des divergences, sinon la société humaine n’évolue pas (…) Il n’est pas à souhaiter même qu’on fasse des assises pour que tout le monde parle de la même voix. Ce n’est pas bon. Pour notre propre performance, il faut d’ailleurs qu’il y ait des critiques. Parfois, elles sont violentes, c’est dommage. Nous ne sommes pas exclusifs en la matière; des violences, il y en a partout. Il faut éduquer les uns et les autres pour que les frustrations ne donnent pas lieu forcément à de la violence ».

Questionné sur la position de ceux qui contestent la rallonge de son mandat, Patrice Talon répond : « C’est du droit de chacun d’avoir son opinion au sujet de ce qui se passe et de faire son jugement. Pour eux, 45 jours de plus, ça a une importance (…) Qu’est-ce que ces 45 jours ont changé dans la vie démocratique du Bénin ? 45 jours pour permettre un alignement des mandats, pour économiser le temps, de l’énergie, pour que le pays travaille plus longuement que de passer le temps à faire la politique. C’est une polémique qui amuse ceux qui l’entretiennent et qui, pour la nation, n’a pas beaucoup d’importance ».

À la question de savoir s’il a un message à l’endroit des familles des victimes tombées par balles lors des dernières manifestations, Patrice Talon répond : « Vous parlez des victimes ; ç’aurait été bien de parler de toutes les victimes y compris les policiers qui ont été blessés, deux agents de police ont été blessés avec de armes de guerre (…) Si dans cette opération de protection, de respect de la République, il y a malheureusement des dégâts du genre de ce que vous évoquez, c’est regrettable. Ces genres d’incidents sont à bannir ».
Concernant le taux de participation à l’élection, Patrice Talon souhaite qu’il soit élevé, non pas seulement pour cette élection de façon particulière, mais pour toutes les élections en général.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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